Un cœur noir comme le bois

Plongé dans ses notes, Aladren n'entendit bientôt plus la conversation, et de ce fait, ne remarqua pas le départ des deux hommes. Ce n'est que quand le tavernier lui demanda s'il voulait quelque chose à boire qu'il le va enfin les yeux :

-Ah pardonnez-moi mon brave, j’espère ne pas vous avoir offensé. Je me contenterai d'un bol d'eau.

L'homme le lui apporta, et l'érudit s’apercevant enfin de l'absence de son guide, interrogea son hôte :

-J'ai été distrait par ma lecture, et mon compagnon, avec lequel vous discutiez quand je suis entré est parti. Lui avez-vous indiqué un lieu quelconque ? Et au cas où, a-t-il mentionné un certain Ju-Lusul ? C'est un érudit qui serait venu ici il y a quelques années déjà. Comme la taverne est un lieu important, peut-être le connaissez-vous ?

Le puisatier regarda son interlocuteur avec un air intrigué.

- Un ami, vraiment ? Hum... je ne sais pas, demandez à l'aubergiste, il connait mieux les habitants que moi. J'ai jamais beaucoup fréquenté les nouveaux venus - ni qui que ce soit d'ailleurs. Mon père était pêcheur, comme le père de mon père, mais moi on m'a appris à m'occuper des puits, parce que c'est un rôle important ici. Cela rejoint le "en vain" : on a eut un premier groupe d'arrivants, qui ont bien réussi à s'installer. J'étais très petit, à l'époque. Récemment, il y a eut d'autres personnes qui sont venus. Il leur est arrivé des trucs bizarres, et ils sont tous partis ou mort. Certains parlent d'une malédiction. J'ai aidé du mieux que j'ai pu - j'ai même creusé un superbe puits pour eux, et s'il y a eut des maisons qui se sont effondrées, le puits a tenu, lui.


À ce moment là, on frappa à la porte. Ciercessorle alla ouvrir, et se retrouva nez à nez avec Odi'Mua. Il avait ouvert la porte tellement brutalement que le nouveau venu faillit frapper le puisatier qui lui faisait face plutôt que la porte, mais retint son geste.

- Vous voulez quoi ?

Puis se tournant vers Sorothakar :

- C'est un de vos amis ? J'aime pas quand il y a trop de monde. Bon, deux, ça va encore.


-------------------------------------------------------------------------

L'aubergiste regardait Aladren d'un air pensif. Il avait le regard fixé sur les notes, comme s'il n'était pas habitué à voir des gens écrire. Il essaya de répondre de la manière la plus polie qu'il le pouvait, comme s'il parlait à quelqu'un d'une grande importance.

- Monsieur, votre ami s'est enfui dès que j'ai mentionné Ciercessorle, qui se charge d'entretenir les puits. Mais, ça n'a rien d'un érudit, ça non. Je veux bien voir ce que je peux faire, mais il me faut plus de détail sur votre ami. Il serait arrivé il y a combien de temps à peu près ? Il aurait quel âge ? Quelques particularités physiques ?

Odi'Mua faillit frapper l'individu qui lui avait ouvert. Dans l'entrebaillement de la porte il ne fut qu'à moitié étonné de voir le mystérieux homme qui avait il y a peu posé plusieurs questions au tavernier.

- On est pas vraiment amis, mais apparemment on a deja un point commun. J'venais parce j'voulais vous poser quelques questions sur le village. Mais peut-être que la personne dans le fond les aura deja demandées. Est-ce que vous pouvez me laisser entrer, m'sieur ? Il commence à faire froid.

Sa'Karen, surpris par ce que Balulu lui racontait se leva brusquement, faisant sursauter son interlocuteur.

Des personnes hystériques ? Sans peur apparente, mais qui semblaient mues par une force invisible qui les poussaient dans le vide ?
Il n'y avait qu'une seule explication possible.

Il lâcha d'un ton grave : "Ils sont possédés, Frère Balulu. Que Dieu nous garde, mais il y a des démons ou de la sorcellerie hérétique là-dessous...
Vous avez bien fait de me faire venir ici, mais je dois en être sûr. L'ennui c'est que vous avez dû brûler tous les cadavres et effets personnels des victimes...

Le reste des colons est parti donc il n'y en aura plus d'autres... Sauf si cette malédiction s'en prend à tout étranger ?
Y a t-il eu des marchands parmi les victimes ? Serions-nous aussi menacés ?
J'aimerais prendre un "possédé" en flagrant délit mais on ne sait pas qui et quand sera le prochain le cas.
En tous cas je vous remercie Frère Balulu. Que Dieu vous donne sa satisfaction et nous protège tous.
Je vais retourner à l'auberge et commencer mon enquête. Si vous avez des informations supplémentaires pour me mettre sur la piste d'un objet maléfique ou autre, prévenez-moi."

Sur ces mots, il salua le prêtre et sortit du temple, rongé par l'anxiété. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour résoudre le mystère.
Il récita quelques incantations pour éloigner les mauvais esprits le long du chemin du retour, semblant redouter quelque apparition démoniaque.

Aladren réalisa que Sorothakar ne lui avait pas dit grand chose, et dans sa hâte de partir, il n'avait pas cherché à en savoir plus.

-Je sais qu'il a quitté l'université de Pyu il y a de nombreuses années, il doit être relativement vieux maintenant. Je n'ai pas eu la chance de le connaitre, autrement que par les récits que l'on m'en a fait, hélas. Peut-être s'est-il reconverti en conteur, médecin ou tout autre profession qui nécessite des connaissances spécifiques...A moins qu'il ne se soit juste retiré de la vie publique, et qu'il vive à l'écart des autres...

Sorothakar transperça le jeune d'un regard d'aigle, faisant soudain monter la tension dans la pièce.

"Je ne le connais pas non, dit-il d'un ton calme mais chargé de menace. Et je n'apprécie pas qu'on vienne fouiner dans mes affaires..."

Pour lui, le gamin était louche: il avait déjà laissé trainer ses oreilles à l'auberge, et voilà qu'il venait les espionner. En plein désert, il aurait sans doute fini par d'expliquer. À l'aide d'un couteau...

L'aubergiste se grattait la tête, alors qu'il se la creusait.

- Des gens âges, il n'y en a plus beaucoup. Mon papa, qui a bâti cette auberge. J'ai été un des premiers enfants à naitre ici. Et, bien entendu, le conteur du village - un petit vieux qui a pleins d'histoires à raconter aux enfants - enfin, je dois dire que j'apprécie d'y aller aussi, cet homme sait captiver un auditoire. Les deux sont arrivés avec la premières vagues qui s'est installé ici, peut-être qu'ils vous en diront plus sur votre ami- ou peut-être qu'il s'agit de l'un d'entre eux. Mon papa ne devrait pas tarder à rentrer - il ne peut pas se passer de ma bière pour le diner.

-------------------------------------------------------------------------

Ciercessorle semblait hésiter entre garder la porte ouverte ou la refermer au nez du nouveau venu. Hésitant encore une seconde, il finit par s'exclamer :

- J'aime pas bien la manière dont tu frappais à ma porte, et en plus, mon hôte semble ne pas te tenir dans son cœur. Alors tu vas t'expliquer ou repartir. Et, sinon, c'est mon cœur à moi qui va devenir noir comme le bois.

Sa'Karen arriva enfin à l'auberge, mais ne vit pas Odi'Mua.

Il était sûrement en train de laisser traîner ses oreilles pour sonder les rumeurs comme il le lui avait demandé.
Il allait se diriger à l'étage quand il avisa le tavernier en grande discussion avec un homme dont le visage ne lui était pas inconnu.

Après s'être creusé la mémoire, il se rappela de qui il s'agissait : Aladren, un éminent professeur à l'Université de Pyu.
Il l'avait vu relativement souvent quand il faisait des prêches ou allait consulter un ouvrage théologique ou historique, et ils avaient conversé à de nombreuses reprises.

"Aladren ? C'est bien vous ?" l'interpella-t-il.

Odi'Mua sentit une tension s'installer. Sur le moment, il ne savait pas comme réagir. Retourner à l'auberge semblait être une option viable, vu le peu de chaleur qu'il recevait ici. Ou alors peut-être dire la vérité sur sa mission... Si le puisatier entretenait de bonnes relations avec le prêtre ce pouvait être une option valide. Vivait-il assez reclus pour ne jamais aller au Temple ?


- M'sieur, j'vais vous dire la vérité. Quelqu'un dans le village a demandé de l'aide et j'ai été chargé de venir l'aider. Je pensais, vu qu'on m'a dit que vous connaissiez bien le village, que vous pourriez m'aider en me disant si y a des trucs étranges qui sont arrivés.

Bien que la piste du conteur lui semblait plus prometteuse que celle du père de l'aubergiste, Aladren resta par politesse à la taverne. Et il ne pouvait se permettre d'ignorer une piste.

L'ouverture de la porte lui fit espérer que la personne qu'il attendait venait d'arriver mais il s'agissait visiblement d'un marchand, bien que son visage lui sembla étrangement familier. Quand le nouveau venu prononça son nom, il le reconnu à la voix et se leva pour le saluer :

-Sa'Karen ? C'est grande joie que de voir un visage familier si loin de Pyu. Mais quelles affaires vous ont donc fait venir ici ?

Sa'Karen s'avança vers l'érudit et lui répondit d'une voix chaleureuse:

"Moi aussi je suis content de vous voir cher ami. En ce qui concerne ma venue ici, c'est directement lié à ma fonction."

Croisant rapidement le regard du tavernier, il baissa la voix de façon à ce qu'uniquement Aladren puisse l'entendre:
"Mais je ne peux pas vous en dire plus cher ami, du moins publiquement. Je suis un marchand en ces lieux, si vous voyez ce que je veux dire.
Mais je peux au moins vous dire que c'est lié à quelques événements très étranges, une sorte de malédiction. Je ne sais pas si vous êtes au courant... Méfiez-vous de ce village en tous cas...
Et vous, il y aurait quelque ruine ou vieil ouvrage enterré dans le coin pour que vous sortiez de votre chaleureuse université?"

Ciercessorle regarda Odi'Mua avec un air interloqué.

- Je ne sais pas qui vous a dit que je connaissais bien le village, mais vous avez du mal comprendre. Ce n'est pas pour rien que j'habite à l'écart de ces... gens. Enfin, venez vous asseoir, il semble que vous ayez des choses intéressantes à dire.
Ainsi, on appelle des gens de la ville pour régler les problèmes du village ? Je ne connais pas grand chose du village - on ne vient me voir que parce que je connais deux-trois herbes pour guérir, mais à mon avis, s'il faut se méfier de quelqu'un, c'est du conteur, A-julure. Vous voyez, toutes ces histoires de magie, de malédictions... ce conteur, il sait trop de choses. Je suis même sur qu'il doit avoir des livres chez lui, il peut pas se rappeler de toutes ces histoires sans aide. Et c'est dans les livres qu'on trouve des formules magiques !

Odi'Mua remercia chaleureusement du regard son hôte. Il embrassa la pièce d'un seul regard, effectua un léger signe de tête en direction de celui qui n'était pas son ami, et alla s'asseoir sur un banc en pierre. Il se concentra pour faire attention à son langage.

- Mon contact au village ne m'a pas donné beaucoup d'éléments. Il a juste mentionné des troubles étranges et inquiétant et laissé entendre qu'une malédiction plane sur cet endroit. Même si on ne vous rend pas souvent visite, des événements extraordinaires auraient pu vous être rapportés, non ? Il faudrait aussi déterminer si ces...choses se passent dans un périmètre bien défini. En tout cas je prends votre avis sur le conteur très au sérieux. Vous pourriez me dire où il habite ?

Le garçon s'étonna du rôle qu'il jouait. Il n'avait rien d'un enquêteur, n'avait pas été particulièrement excité par la perspective de tenter de résoudre des problèmes ici, et pourtant voilà qu'il prenait part activement à la mission. Quelque chose le remuait depuis l'auberge. Et le regard de l'inconnu assis proche de lui n'arrangeait rien. Odi'Mua ne connaissait rien de lui sauf son intérêt pour le puisatier. Et après ? Il écoutait tout et cela pouvait s'avérer très dangereux. Mais Odi'Mua ne pouvait pas juste s'enfuir et retourner à l'auberge en espérant y voir Sa'Karen. Conscient qu'il ne parviendrait pas à faire parler l'inconnu sur ses motivations, le garçon se hasarda néanmoins à lui poser une question.

- Dites, m'sieur, vous avez l'air d'un voyageur. C'est étrange vous me faites l'effet d'un aventurier, un vrai de vrai. Avec votre regard, vos manières, votre ton, j'sens quelque chose. Vous en êtes, hein ?

Le ton d'Odi'Mua avait pris une légère note d'admiration et d'émulation.

-Des phénomènes étranges vous dites ? J’espère que nous ne serons pas affectés par ceux-ci. Et je ne compte pas m'attarder ici de toute façon. Je suis à la recherche d'un ancien érudit de Pyu qui serait venu se perdre ici pour d'obscures raisons...Cela confirme que le génie et la folie sont très proches l'un de l'autre.

Notre bon ami aubergiste m'a indiqué une piste intéressante à suivre, mais je vais d'abord rencontrer son père, qui est aussi un ancien du village. En plus de confirmer mon autre idée, il pourra sûrement vous aider dans votre enquête.

"un érudit de Pyu ? Hmm...s'il habite ici depuis un petit bout de temps, il a dû être témoin de ces phénomènes étranges...
Quant à l'ancien, oui, lui aussi pourrait avoir quelques informations intéressantes.
De toute manière je dois attendre mon assistant, donc j'ai un peu de temps devant moi..."

C'est sur ces entrefaites qu'arriva un vieillard. Bossu, les cheveux et la barbe blanche, il s'appuyait sur une canne faite de chitine travaillée. Il salua quelques personnes assises à l'auberge, et alla s'asseoir à une table qui semblait avoir été disposée exprès pour lui. L'aubergiste laissa les rênes de l'établissement au cuisiner ainsi qu'à la serveuse qui venait d'arriver quelques minutes auparavant, et alla s'asseoir aux côté de son père. Il commença la conversation avec l'homme, tout en versant deux grands verre d'un vin qu'il avait pris avec lui jusqu'à la table.

À peine arrivé, le gamin l'ennuyait déjà. Mais, bien manœuvré, il pourrait se rendre utile, pensa Sorothakar.

"Dis donc gamin, répondit-il un peu moins durement, que dirais-tu de laisser ce brave homme manger son repas en paix et d'aller faire un tour chez ce conteur avec moi ?"

La proposition fut examinée. Mais Ciercessorle n'avait pas encore dit ce qu'il se passait vraiment dans le village. Peut-être que l'inconnu pourrait concocter un résumé à Odi'Mua. Restait à savoir où habitait le conteur.
Quelque chose troublait Odi'Mua. L'homme n'avait pas répondu à sa question. Il n'y avait pourtant rien de bien secret qu'il aurait fallu révéler pour satisfaire la curiosité du garçon.
Sa'Karen avait dû probablement trouvé quelque chose à faire de lui-même désormais. Et puis, en poussant l'investigation, Odi'Mua ne faisait que mieux accomplir sa mission. Rien qui puisse lui en être tenu rigueur.
S'il avait eut une mère, celle-ci aurait dit au garçon de ne pas partir en vadrouille avec des inconnus.

- J'veux bien m'sieur. Vous êtes drôlement gentil d'proposer ça. Comment je peux vous appeler, m'sieur ? Moi c'est Odi'Mua.

Sa'Karen jeta un coup d'oeil à Aladren puis décida de s'approcher de la table où étaient assis l'aubergiste et son père.

Il s'assit à leur table :

"Bien le bonsoir messieurs.
Je suis un marchand et je viens de loin. Le voyage m'a fatigué et j'aime bien discuter avec d'autres personnes, le soir venu pour penser à autre chose.
En me promenant dans la ville j'ai entendu des rumeurs étranges... ça m'inquiète un peu...
Est-ce que ce que j'ai entendu est vrai ? à propos des colons ?"

"Appelle moi comme tu veux, ça m'est égal, répliqua l'homme agacé. Maître Ciercessorle, que pourriez vous nous dire de plus au sujet de ce conteur ? Où habite-t-il, par exemple ? Je ne voudrais pas abuser de votre temps en restant plus longtemps ici que nécessaire..."

Le puisatier opina du chef.

- Merci, je tiens à ma tranquillité. De ce que je sais, il habite à côté du Temple. Bon vent.

Odi'Mua remercia le puisatier et partit de la maison pour se rendre chez le conteur.


- Allons-y, Mach'In !

"Je vous remercie de votre aide..." fit Sorothakar au puisatier, avant de suivre Odi'Mua à l'extérieur.

Alors qu'il lui tournait le dos, Sorothakar l'attrapa brutalement par le col en même temps qu'il dégainait son poignard.

"Qui t'as envoyé ? demanda-t-il froidement en le plaquant contre le mur de la bâtisse, le poignard sous la gorge. Pourquoi ? Sois bref."

L'érudit suivit le prêtre à la table des deux hommes, et se présenta également :

-Bonsoir messire, pardonnez-moi de troubler votre repas, je suis Aladren, membre de l'université de Pyu. Comme je l'expliquais à votre fils, je suis à la recherche d'un de mes confères, un certains Ju-Lusul qui serait venu ici il y a plusieurs années, pour on ne sait quelles raisons. Comme vous faites parti des doyens du village, peut-être savez-vous quelque chose à son sujet ? Votre fils m'a également parlé du conteur, que pourriez-vous me dire à son sujet ?

Le poignard surprit Odi'Mua plus que le choc de son corps contre la maison. Comme n'importe qui dans une telle situation, il regarda l'arme qui le menaçait, mais en nota aussi la singulière composition. Un poignard en os était chose peu commune. Odi'Mua décida de reporter à plus tard la réflexion autour de l'arme et du genre de personne qui pouvait la manier. Son esprit s'était emballé pendant plusieurs secondes et le poignard détourna le garçon du contrôle de ses réflexes. Ses genoux s'entrechoquèrent et quelques larmes commencèrent à apparaître au coin de ses yeux. C'est un fait, il se sentait mal. Le garçon ne se voyait pas pour l'instant lutter ou tenter de fuir, les risques étaient trop grands.
Mourir pour Sa'Karen n'était pas non plus une option valable selon le garçon. Aussi, l'air abattu et avec la tête baissée, Odi'Mua avoua :

- J'suis pas envoyé par quelqu'un, m'sieur. J'vous ai entendu avec le tavernier et j'voulais vous suivre. J'savais pas que ça allait vous mettre tant en colère m'sieur, j'suis désolé. Personne m'a dit de venir chez Ciercessorle, m'sieur. J'ai peur m'sieur, vous allez vraiment me tuer ?

Odi'Mua n'en menait pas large. Du reste, tout était vrai. Personne ne lui avait ordonné de se rendre chez le puisatier.