Quand hurlent les morts...

Rias ignora la remarque d'Elliot dont elle savait qu'il avait perdu beaucoup de son assurance depuis les attaques de cette nuit.
Elle écouta le dénommé Tsaangpö se présenter, et comprit que ce noble guerrier n'était ni de ce monde-ci, ni du sien , ni de la Terre : il venait d'un certain empire Tadjaar.

Comme plusieurs d'entre eux donc, il était étranger à cette Académie mais en outre, paraissait bien plus décontenancé qu'eux. Probablement car il n'était pas un mage, Rias ne détectant aucune trace de magos en lui.

Elle lui répondit alors d'une voix formelle mais chaleureuse :

"Enchantée, Général Tsaangpö vous qui venez d'un lointain empire, vous trouvez à l'Académie Arcane. Vous n'êtes malheureusement plus dans votre pays, et j'ai l'impression que vous ne savez pas vraiment comment vous êtes arrivé ici... Mais peut-être que Nyrelion pourra vous aider ?
Nous allions le voir justement avant de vous rencontrer... de nouveaux évènements se sont déroulés cette nuit et nous devons nous entretenir avec l'Archimage sans plus attendre.
Je pourrai m'entretenir avec vous un peu plus tard, si vous le voulez bien."

Rias resta néanmoins encore quelques instants immobile au niveau du général tadjaar qui faisait face à deux nouveaux arrivants : en effet ce fut au tour d'Isaac et de Mustafa de se présenter... enfin cela aurait dû être le cas normalement pour ce dernier.
Mais elle l'avait bien entendu se présenter sous le nom de "Général Tigrane." et non "Mustafa"...

La situation actuelle ne s'y prêtait pas beaucoup mais elle se promit de s'entretenir avec Mustafa à ce sujet, relevant qu'elle ignorait encore beaucoup de choses sur ce brave homme.

Tsaangpô finalement les remercia et suivit Elliot qui avait déjà amorcé sa descente vers les dortoirs, allant probablement trouver une chambre pour le nouveau venu.

Rias gratifia le tadjaar d'un dernier sourire avant que ce dernier ne disparaisse de leurs regards puis elle continua à monter les marches.

Au bout de quelques minutes, elle vit enfin la porte donnant sur le toit et espérait que l'Archimage y fût encore.

Alors qu'il suivait sa guide dans les couloirs de la tour, Neivar sentait de plus en plus ses vêtements s'imbiber d'une humidité poisseuse qui dégageait une odeur métallique.

"Eh ben, t'es encore en train de me pourrir ma tunique, ma belle... grinça-t-il. Espérons que les tapis ne subiront pas le même sort..."

Elle lui adressa un pâle sourire, tout en commençant à fermer les yeux.

"Hop hop hop, fit Neivar en s'arrêtant d'avancer pour se concentrer sur elle, tu restes avec nous ! Y a pas de raisons pour que tu roupilles pendant que je fais tout le boulot !"

C'est alors qu' une nouvelle quinte de toux la plia en deux:

"Eh merde, grogna Neivar en essuyant le sang de son visage. Bon, changement de plan. Demoiselle ? demanda-t-il à l'algardienne. Je pense que la chambre peut attendre. En revanche, j'aurai besoin d'une grand table, d'un bon feu et de quoi faire bouillir de l'eau. Ah, et... si vous vous aviez des linges propres, ça m'éviterai d'avoir à sacrifier ce qu'il reste de ma tunique..."

Evangeline regarda successivement Neivar et Miska, commençant à s'inquiéter pour la mage de Maer Telmos.

Elle répondit d'une voix nerveuse :
"Oui tout se suite, visiblement on n'a pas le temps d'aller plus loin !
On va faire comme ça alors... Patientez un tout petit moment !"

Sur ces mots elle courut le long du couloir.
Elle trouva ce qu'elle cherchait au bout de plusieurs minutes.

Elle pénétra dans la première salle. Elle vit une table de bois massif ainsi qu'une cheminée à une dizaine de pieds.
Satisfaite, elle murmura :
"Hiro !" une boule de feu crépitant s'éleva au dessus d'elle et alla faire brûler le bois qui se trouvait dans la cheminée.

Elle sentit qu'elle mettait bien plus d'efforts pour former un simple sortilège. La situation était critique, la magie devenait de plus en plus rare, et elle devait donc quasiment compter uniquement sur ses réserves personnelles...

Elle trouva un chaudron de laiton dans une remise, probablement pour un cours de potions, l'emplit d'eau et le posa au-dessus des flammes afin de la faire bouillir.

Elle se dépêcha de revenir voir Neivar : "Voilà, désolée de l'attente, j'ai trouvé une salle au fond de ce couloir... Pour ce qui est de linge, tenez !"

Elle lui donna une de ses tuniques qu'elle avait en stock dans ses affaires, placées dans une dimension parallèle, comme de nombreux mages de haut niveau savaient le faire.

"Elle est gravement blessée ?" demanda-t-elle enfin.

(Note : Pour l'ambiance, mettre la musique à la fin du post)

"Quel est ton tourment?"

Ievgeni ne reçu d'autre réponse qu'un silence pesant, qu'un visage grimaçant, déformé par le dégoût et la douleur, tel la Gorgone.

Il put percevoir le bruissement les mains des guerriers sans-visage serrer plus fermement leurs lances.

Il s'arrêta net. Ils étaient en nombre et devait rapporter sa vision à ses compagnons. ll se tint debout, les bras le long du corps, en observant. 

Son regard circula des yeux de la femme aux abîmes qui tenaient lieu de visage, pour ses gardes, de là, il se concentra sur l'étrange vortex de sang épais et doré qui doyait autour de la plaie... Il se sentit coupable, mais cette faute n'était ps dans son passé. A peine était-elle dans son présent.

Présent qui, comme tout le reste, était en train de s'étioler.

Ievgeni calcula, réfléchit, recoupa. Il entonna un chant de gorge, appaisant comme le murmure d'un ruisseau.

Il vit l'académie, l'obscurité, la barrière, le froid, la magie -l'essence du monde- qui se volatilisait... bientót, sans doute, l'espace et le temps ; peut-être -déjà- Erebe et l'Oneiron... Et cette dame qui souffrait d'être là...


Une étrange et terrible cohérence apparut à lui, tel un buisson ardent. L'académie se désaxait. C'était une véritable catastrophe. Et si ?... Tepeuh ?

En s'éloignant, il dit à l'attention de la femme et de ses gardes :

"Merci à vous de m'avoir montré la voie, dame inconue. 
Nous ne sommes pas vos ennemis et nous espérons tout autant que vous terminer cette souffrance... Voici, en guise de cadeau, le masque du cormoran. Puisse-t-il vous guider hors du tumulte..."


Reprenant la forme du cormoran, il franchit à nouveau les enceintes du secret et revint à lui. Se trouvant seul, il emprunta les escaliers, espérant rattraper compagnons d'infortune aussi vite qui le lui permettait son handicap. Il lança un appel à Isaac, 


Quand il les eut rejoint, il raconta tout ce qu'il avait vu, en ajoutant :

"Cette femme est une déesse. Les agresseurs sont ses gardes.  L'académie est en train de sortir de l'axe du temps : quelque chose la retient, et nous aussi Comme si un bâton s'était planté dans le cours du temps, créant un tourbillon chaotique ou tout s'emmèle, mes amis... Il nous faut agir !

Rias, venant à peine de s'offrir un bol d'air frais après la longue montée des marches, allait se diriger vers Nyrelion quand Ievgeni courut vers eux.
Isaac avait mentionné qu'il s'était également fait poignarder et elle put voir avec satisfaction qu'il était en pleine forme.

Après qu'il leur eut raconté e qu'il avait vu et les conclusions qu'il en tirait, Rias resta silencieuse un moment, se passant inconsciemment la main sur le dos, où elle avait été frappée.

Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi les "gardes" les agressaient et avaient tué autant d'élèves...
Le désaxement temporel de l'Académie, difficile à expliquer, allait tout détruire... La barrière l'avait-elle provoquée, ou était-elle elle-même une conséquence de ce désordre ?

Et quel était ce désordre, des forces du Chaos à l'oeuvre ?
Sur Heimdalir, de tels problèmes n'étaient pas survenus depuis Merlin, c'était dire son impuissance à appréhender le phénomène...

La présence de quelqu'un comme Nyrelion pouvait peut-être arranger la situation, ainsi que Miska et les Tsayashtim.

Elle se tourna alors vers Isaac, anxieuse alors qu'Olendir et Mustafa semblaient eux aussi très perplexes.

"Messire Isaac, n'est-ce pas ce genre d'évènements qui ont conduit votre ordre à être créé ?
Je pense qu'il nous faut comprendre de quoi il s'agit."

Puis elle fixa Ievgeni de ses yeux rubis avant de lui dire :

Maitre Ingelahel que nous suggérez-vous de faire ?
Cette déesse semble être gravement blessée. Et j'ai l'impression que le fait que la magie disparaisse ainsi que le froid mortel sont liés à elle. Comme si ce monde disparaissait en même temps que ses forces...
Toujours est-il que ses lieutenants pensent que l'Académie est responsable de tout cela..."

Elle s'avança alors vers l'Archimage et lui demanda :
"Maitre Nyrelion, quand pensez-vous pouvoir mener à bien l'évacuation de la zone par un portail ?
Si c'est encore possible... Nous ne pouvons pas rester plus longtemps dans un périmètre aussi dangereux et qui draine toute notre magie..."

Elle remit sa chevelure écarlate en place et attendit une réponse, le sang bouillonant de volonté d'agir. Elle avait trop subi ces derniers temps...ce n'était pas ses habitudes.

Isaac regarda Rias, et lui répondit :
"Effectivement, donya, un tel désaxement a fait que, il y a des milliers d'années, une créature d'Outre-Temps -de celles qui détruisent à jamais le passé- a ratrappé le plan de notre monde la Terre, la menant au bord de la destruction totale. C'est cette créature que nous nommons Tepeuh. Elle dut être combattue plusieurs fois avant d'être vaincue et, même ainsi, nous continuons de combattre ses hypostases -les titans...

Ievgeni reprit :
"je les ai combattu. Plusieurs fois. Je suis passé près de la mort, à chaque fois. Quand à Tepeuh, sa forme physique et son essence avaient du être séparées et scellées dans deux univers différents. Quant à la Terre, lui faire rejoindre son axe avait requis l'alliance de toutes les forces qui s'opposaient jusqu'alors... Ziusudra notre fondateur, nous dit qu'il avait fallu produire une force de propulsion phénoménale car la Terre dérivait déjà depuis longtemps. Puis, il avait fallu abattre la barrière naturelle qui s'était établie autour de la Terre, que l'échange des quanta puisse reprendre... Enfin, il avait fallu réharmoniser les lois de la planère et celles de l'univers... D'ailleurs nous ne sommes pas surs à 100 pour cent que la Terre ait bien été unie à son univers d'origine... Et depuis, la magie s'est faite plus rare...
Ziusudra reste imprécis sur la cause. Il est vraissemblable qu'un phénomène imprévu et puissant ait provoqué cela : l'entrée d'une énorme comète -un fragment de monde- venue perturber le champ de la Terre, affolant complètement ses forces fondamentales, et l'arrachant au cours du temps, comme un báton planté dans le cours d'une rivière...