Quand hurlent les morts...

Tsaangpö laissa l'étranger le contourner. La façon dont il lui avait répondu révélait une position sociale élevée et Tsaangpö savait que, chez les barbares, les hommes les mieux positionnés se caractérisaient par une certaine élégance morale. L'homme se pencha sur le corps et prononça quelques paroles étranges. Cependant quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit le corps inanimé s'illuminer subitement comme si les mots de l'homme aux cheveux longs avait été un sortilège ! Assurément, il était dans un endroit bien particulier... L'étranger se présenta, et étonné par ce qu'il entendait Tsaangpö répondit, en adoucissant son ton :

-Je suis moi-même Suur Tsaangpö, serviteur de l'empereur de la terre et de la mer. Je suis arrivé ici par un moyen qui échappe à un mon entendement et aussi je vous serais gré de m'informer de la position de cette académie. Serions nous, par le plus grand des hasards dans une de ces contrées du nord ou le soleil est rare tout comme les habitants craintifs? Votre garde est assurément efficace et je m’étonne du fait que je n'ai jamais encore entendu parlé de tels animaux, forts remarquables.

Cependant, l'homme que Tsaangpö avait cru mort semblait revenir à la vie. Le général avait déjà vécu tellement de faits extraordinaires que voir un homme transpercé de part en part se remettre à bouger puis à s'adresser à lui dans une langue soutenue ne semblait, en comparaison, pas si ahurissant que ça. C'est donc tout naturellement qu'il lui répondit :

-Je vous salue levgeni. Je ne connais ni l'origine de votre nom ni votre pays, mais je peux vous assurer de mes intentions les meilleures. C'est bien contre ma volonté que je suis ici et je n'ai nulle intention de nuire. J'avoue par ailleurs mon ignorance sur la nature du mal qui vous a projeté au sol tout à l'heure, mon expérience ne me fournissant pas de précédant.

Tsaangpö commençait en effet à penser qu'il était dans son intérêt de faire preuve de diplomatie, et de tenter d'éviter tout conflit. Il s’agenouilla alors prêt de levgeni et rengaina son épée afin de montrer ses bonnes intentions. Paru alors un nouveau personnage, vêtu de vert et à la démarche légèrement inquiétante. Sa voix était pourtant calme et Tsaangpö n'y décelait aucune trace d’agressivité.

-Je vous salue Messire Elliot. Il semblerait en effet que nous soyons bien malgré nous compagnons de voyage. Vous dites être arrivé ici par accident? Mais comment est-ce possible? J'avoue être très désorienté pour ma part, et ne sais absolument pas dans quelle partie du monde je me trouve...

Il ne releva pas la dernière partie du discours de son interlocuteur car il ne souhaitait pas se positionner trop rapidement, pressentant un fond d'intrigue. Cependant, si cet Elliot disait vrai et que lui aussi c'était retrouvé dans ce royaume malgré lui, il était évident que les deux hommes auraient à partager nombre de choses.

Rias, qui n'avait pas encore repris toutes ses couleurs, les récupéra complètement quand Isaac la prit dans ses bras.

Elle ne se dégagea pas, comprenant l'intention du Tsayash'tim et l'inquiétude qui devait être la sienne pendant sa lutte. Elle lui souffla :"Encore merci senyor"

Quand ils l'aidèrent à se relever, elle lui répondit d'un sourire : 

"En pleine forme ? J'aimerais beaucoup dire cela...on va dire que je ne vais pas mal. "

Elle souffla puis déclara :

"Si je n'avais pas perdu connaissance si vite , je n'aurais pas eu à frôler la mort de la sorte : en effet je possède quelques remèdes très efficaces contre les blessures mortelles... mais il faut avoir le temps de les utiliser...

La situation est alarmante, non seulement mes runes corporelles de protection ont été...inefficaces...mais habituellement, si j'ose dire, pour arrêter une blessure mortelle je mobilise mon magos, le temps de prendre ce "remède".

Ce que je n'ai pas pu faire car j'ai la désagréable 'impression de ne plus pouvoir mobiliser suffisamment de magie pour des sorts aussi complexes que des sorts temporels ou de guérison avancée.

Cette barrière a vraiment absorbé la plus grande partie de la magie ambiante, et nos propres réserves de magie ne font pas exception...

Pour simplifier, actuellement je dois être retournée en enfance niveau puissance magique...

J'ai été imprudente et hautaine de croire compter sur mes enchantements, j'aurais du renforcer mon magos lors de cet état de crise, mais...maintenant je ne me ferai pas avoir. 

La situation est mortelle pour nous également...la moindre imprudence nous la payerons très cher..."

Elle pointa alors les trois petites roses rouges qu'elles avait tatouées sur le poignet droit, qui disparurent progressivement.

"Il est temps que je demande à mon corps de fournir cent pour cent de sa puissance dorénavant..."

Ses yeux avaient changé d'éclat, ils étaient d'un rouge plus intense, plus violent.

Elle pointa alors la rune de sang tracée sur le sol, ce qui eut pour résultat d'attirer le sang de Rias qui avait coulé de ses blessures jusqu'au centre de la rune.

Elle traça alors un cercle magique autour de la rune, y plaça une carte et marmonna quelques mots. La carte brilla d'une lumière rouge vive puis le cercle, la rune et le sang disparurent.

Rias prit alors la carte et la rangea.

Elle se tourna vers Isaac et Mustafa: 

"Désolée, mais je me préparais pour la suite. 

Voilà au moins une maigre consolation : étant donné que j'ai frôlé la mort, j'ai gagné une Vindicte Libératoire d'un niveau de puissance intéressant...

L'ennui, c'est que, si je veux bien détruire de mes mains ce meurtrier, nous ignorons encore où il se trouve !"

Elle se dirigea vers la porte, en marchant encore doucement mais se rappela que Nyrelion l'avait changée en pierre.

Elle caressa la porte pour y tracer un enchantement d'Excavation (un sortilège de base peu gourmand en magos). Un trou suffisamment grand pour les laisser sortir tous les trois se forma alors.

Elle aperçut alors un jeune homme blond aux yeux d'or de l'autre côté, visiblement surpris de voir la porte se percer sous ses yeux.

"Désolée, lui dit Rias, mais Nessire Nyrelion est monté sur le toit...je ne me souviens plus pourquoi... je ne peux donc rien faire de plus, sauf si vous êtes venus nous voir particulièrement ?"

Ievgeni était à présent tout à fait rétabli, et en informa Isaac.
S'avançant vers Tsaangpö de sa démarche claudiquante, il passa devant Eliott en lui glissant : "Mon viride compagnon, je ne crois pas que Lerya ou quelqu'autre dieu puisse grand chose... Je vous conseillerai plutót de vous en remettre à vous même, voire de vous remettre à vous-même" 
Arrivant à hauteur de Tsaangpô, il lui dit : "je crois vos patoles,Suur Tsaangpõ, je crois même avoir une petite idée sur les circonstances de votre venue, mais il faudra le confirmer auprès de l'intéressée... Sur ce, permettez-moi de me retirer : une urgence m'appelle..."

l rejoint par ses propres moyens le jardin. Il s'assit et se mit à mèditer.

Une clè lui manquait.

C'est ce sentiment de culpabilité qui ne l'avait plus quitté : il devait savoir, il devait rentrer en lui-même, jusqu'au plus profond de son psychisme, et trouver l'ultime porte. C'était là, pensait-il, le seul moyen de trouver l'origine du mal. La réponse se trouverait derrière la dernière porte.

Ievgeni ferma alors les yeux...

Il vit l'académie, Isaac, tous ceux qui l'entouraient. Première enceinte, première porte.

Isaac le guida vers la deuxième enceinte. Il y avait là les souvenirs d'une vie citadine mouvementée. Il y avait aussi les autres membres de l'ordre. Deuxième enceinte, deuxième couche.

Il y vit Ilaria, son apprentie, il y vit ses pires ennemis : Benway et les autres. Il affronta les appendices grotesques et terrifiants des titans. Troisième enceinte, troisième porte.

Puis il vit son clan, et sa famille, son père le chaman. Il lui tendit un masque et lui dit : "prends, mets-le, voic le masque qui ouvre la porte ultime : le masque  l'oiseau plongeur, qui ramène à la surface ce qu'il y a de plus enfoui"
Tout ce temps, le sentiment d'échec et de culpabilité n'avait fait que croître, éprouvant la résistance de Ievgeni plus que n'importe quel coup de couteau. Mais il tenait bon.

Il fit face à la dernière porte, revêtit le masque, et le cormoran le prit sous son aile. Il l'emmena très haut dans le ciel, puis se laissa tombé, fondant à toute vitesse vers la porte. Il se figea, à quelques mètres d'elle, comme si le temps était suspendu.

Alors, Ievgeni récita, tandis que les panneaux de la porte s'animaient :

"Je suis celui qui fuit le combat
je suis la honte de Saha
je suis l'amusement des soldats russes
je suis le jouet de Noum
je suis l'indigne qui abandonne
Mais surtout,
je suis l'enfant de mon enfant"

Alors, le temps reprit son vol. Ievgeni retira le masque : il se trouvait devant la porte de ses secrets, devant l'enceinte de sa prorpe culpabilité. La porte venait de s'ouvrir. Il la poussa, et vit...

Olendir finit enfin par arriver au cinquième étage, le cri du Sphinx l'avait encore fait hâter le pas. Il se dirigea vers le dortoir où se trouvait Nyrelion et les étrangers. Il vit que le mur avait été scellé, et alors qu'il s’apprêtait à signaler sa présence, le mur fondit littéralement laissant apparaître la femme vêtue de rouge ainsi que les deux hommes qu'il avait aperçu au moment ou Nyrelion le faisait sortir. L'homme en vert à qui il avait tenu tête avait quant à lui disparu.

-J'étais effectivement venu faire mon rapport à l'Archimage, mais comme il n'est plus là, cela devra attendre, et autant en profiter pour faire les présentations : Je suis Olendir de Sénelle, Mage disciple du Quatrième rang dit-il en s'inclinant légèrement.

Je ne voudrai pas être impoli, mais à en juger par votre tenue et votre aura, vous n'êtes pas d'ici, enfin je veux dire pas de ce monde, n'est-ce pas ? Comment êtes-vous arrivés ici ? Par le Puits ou par un autre type de portail ? Vous maîtrisez d'autres types de magie ? Vous savez ce qu'il se passe ? Car pour que l'Archimage convoque les Gardiens, c'est que ça doit être grave...

Voyant la mine mi-amusée, mi intriguée de ces interlocuteurs, il rougit légèrement et s'appuya un peu plus sur son sceptre. Il finit par bredouiller :

-Pardonnez mon impertinence messires, madame...Je vais attendre l'Archimage ici, et vous laissez faire ce que vous avez faire, ce qui est sûrement plus intéressant que mon humble conversation...

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Je posterai Nyrélion plus tard.

Rias dévisagea Olendir, mi-amusée mi-intriguée puis se rappela l'avoir vu dans cette même pièce plusieurs heures auparavant, lors de la découverte du corps mutilé de l'élève.

Elle remarqua qu'il était bien habillé, et qu'il devait être très certainement un élève appartenant à une famille noble, dont il portait l'emblème apparamment.
Quand il se présenta, ce fut plus clair : sa noblesse fut justifiée par sa manière de parler, et son nom de famille indiquant qu'il était un membre des Sénelle.

Elle était curieuse de connaître la culture du pays de Nyelion et des élèves, dont pour l'instant elle n'avait pu voir que l'Académie.
Ainsi, ce pays possédait des maisons nobles (ce qui n'était plus le cas sur Terre, donc ce n'est pas une chose obligée) et au moins deux étaient magiques (elle se souvint du nom de famille de Nyrelion)

Voir un élève curieux ne la dérangeait pas, même dans ces circonstances, s'il ne posait pas de questions stupides et agaçantes.
Mais cet Olendir paraissait doué d'intelligence , de respect et de discernement, elle daigna donc répondre à ses questions malgré sa grande fatigue.

Elle répondit :

"Messire Olendir, je ne vois pas pourquoi je ne vous répondrai pas, vous ne m'avez pas manqué de respect .
Mon nom est Rias Lysis Elyana , de la maison Gremory. Vous avez vu juste puisque je viens effectivement d'un pays lointain, appartenant à un autre monde.

Je vais taire les raisons de ma venue ici, mais je suis venue par l'intermédiaire d'un portail inter-dimensionnel, sur la base de coordonnées datant de mille cinq cent ans.
Je ne sais pas trop quel est ce fameux Puits d'ailleurs dont Nyrelion avait déjà parlé...un immense portail de l'Académie ?

Ensuite pour la magie, outre invoquer un portail ou percer un mur, je pense humblement maitriser d'autres techniques...

Enfin, je ne sais pas plus ce qu'il se passe que vous, j'en ai peur, un meurtrier très puissant et indétectable s'amuse à frapper au hasard des personnes innocentes. C'est tout ce que je sais, mais comptez sur nous tous pour l'éliminer le plus rapidement. Il a bien trop agi à sa guise..."

Elle se tourna rapidement vers Isaac et Mustafa :

"Allons voir Nyrelion, il faut lui parler de ce qui s'est passé ici. De plus, j'ai l'impression qu'il s'est passé quelque chose là haut... Sinon Nyrelion serait revenu..."

Elle revint alors à Olendir :

"Dirigeons-nous ensemble vers le sommet de la Tour, nous désirons voir également Messire Nyrelion.
Mais parlez-nous de vous... Que signifie un Disciple de Quatrième Rang ?"

Ievgeni pousse la porte, et voit ...

Une femme qui pleure, sans doute une des plus belles qu'il n'ait jamais vu. Recroquevillée au pied d'un grand chêne, elle se tient le flanc, duquel s'échappe un ichor doré.

Elle tremble de froid et de douleur, ses lèvres bleuies laissant à peine échapper quelques sanglots, étouffés par sa respiration sifflante.

Elle ne le remarque pas, assommée par la souffrance.

Ievgeni s'avance...

Il tente de s'approcher, mais un homme surgit du néant pour lui barrer le passage : son visage est flou, immatériel. Seul ressort un regard brûlant. Grand, le corps masqué par une armure d'écaille noire d'oxydation, sa silhouette recouvert d'un long manteau rapiécé, il n'esquisse pas un geste. A sa ceinture, un poignard sans ornement. Dans sa main, le talon planté en terre, une longue lance au fer effilé.

Autours et derrière cette créature, d'autres apparaissent progressivement, formant un cercle compact pour l'empêcher d'approcher la femme blessée.

Ils se contentent de rester là, sans bouger, sans respirer. Statues qui semblent l'ignorer,

Alors, après avoir affronté sa propre culpabilité, contemplé son propre fardeau, Ievgeni s'avance -sans peur-. Il s'adresse à la femme, par-delà ses gardes, et lui dit :

"Quel est ton tourment ?"

Tsaangpö encore quelque peu étourdit regarda s'éloigner levgeni. Puis, comme à bout de forces, vint s'appuyer contre le mur encerclant la tour. Que d'émotions! Lui qui avait apprit à les contrôler, son entrainement était mit à rude épreuve! Il se sentait loin, loin de tout ; dans le pays ou il se trouvait l'air lui-même était différent, tous les hommes lui semblait étrangers et le ciel était d'un noir d'encre, sans étoiles. Comment avait il fait pour atterrir ici? Levgeni semblait en savoir un peu plus à ce sujet mais personne ne semblait étonné ou mêlé d'une quelconque façon à son arrivée. La brise légère qu'il sentait sur ses joues était bien réelle, il n'était pas dans un rêve. Et Fahatnî, elle? Ou était elle à présent? Le cherchait elle?

S'adressant à Elliot, Tsaangpö lança :

- Messire Elliot, vous qui avez eu la bonté de m'accueillir, auriez vous l'amabilité de m'indiquer un endroit ou je puisse séjourner, le temps que les raisons de ma présence ici soient éclaircies? Peut être que nous trouvons en votre pays quelque auberge ou je puisse passer la nuit?

Après tout, Elliot c'était montré relativement accueillant et semblait disposé à s'attirer les faveurs de Tsaangpö. Du reste, le général commençait à penser que son séjour allait probablement se prolonger... Une occasion de découvrir les mœurs des habitants de ce pays après tout...

Elliot sourit : son interlocuteur semblait lui faire confiance.

Il lui répondit calmement :
"Je suis désolé, mais ce lieu qui est une Académie de Mages est coupé du monde extérieur pour le moment... Nous ne savons point quelle en est la cause, mais vous pouvez le voir au ciel noir d'encre...

Bref, si vous voulez manger quelque chose, il n' y a pas d'auberge mais Nyrelion vous donnera bien accès à quelque nourriture, tout le monde ici- présent doit avoir l'appétit rouvert par les évènements exigeants que nous avons subi ici...

Pour dormir, si cet Archimage le veut bien, il vous donnera une chambre dans les dortoirs, comme nous autres étrangers qui avons atterri ici par hasard et malchance... Descendons nous aussi dans la Tour, il fait froid ici. "

Puis il marcha en direction des escaliers, montrant le chemin au guerrier Tadjaar.

Nyrelion répondit à Ievgeni avant que celui ci ne parte :

-Vous ne me devez rien, Maitre Ievgeni, je n'ai fait que mon devoir...

Eliott l'ayant informé de l'état de Rias, il sonda à nouveau l'Académie avec son esprit :

L'aura de Rias avait également vacillé, comme celle du Tsaya'sthym, le ou les agresseurs avaient alors agit presque simultanément.

Néanmoins, alors que Nyrelion allait se rendre au chevet de la Mage Rouge, son aura se mit à luire avec force pendant quelques instants, avant de redevenir stable. Apparemment, elle avait réussi à s'en sortir toute seule...

Il se retourna donc vers le nouveau venu qui avait engagé la conversation avec Eliott :

-Comme vous l'a expliqué Messire Eliott, vous êtes sur une autre planète, pour des raisons encore inconnues, mais si vous nous avez rejoint, c'est qu'il que le Destin a décidé que vous aviez un rôle à jouer.
Pour ce qui est de l'hébergement, je vous conduirai à vos quartiers dès que vous me le demanderez.

L'influence du Temps diminua encore, et sa chevelure devint cette fois ci entièrement blanche, tandis que des rides se creusaient sur son visage.

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Olendir écouta fasciné Dame Rias, et consentit également à répondre à ses questions :

-Le Puits des Ombres est un ancien passage dimensionnel qui a servi de passerelle entre le Monde Primal, notre monde d'origine et la Sphère, sur lequel nous nous trouvons, du moins habituellement...Parce que cette bulle de ténèbres nous en a coupé je pense, ma Cloche ne réagit plus...à moins que ça ne soit lié à l'aspiration de la magie que je ressens depuis ce matin.

Quant au monstre qui a fait ça à mes camarades...j’espère que vous et l'Archimage arriverez à le trouver et l'anéantir dit-il en haussant la voix à cause de la tristesse et de la colère. Puis se reprenant, honteux de s'être laissé aller de la sorte en présence d'une personne de haut rang :

-Quant à mon rang de Mage disciple de Quatrième rang, cela signifie que je ne suis pas encore un Mage à part entière, mais que néanmoins, je sais maîtriser les sorts de quatrième cercle d'une école de magie élémentaire, sur les cinq qu'elle comporte ajouta-t-il avec une certaine fierté.

Ils continuèrent ainsi de progresser vers le sommet de la Tour...

Alors qu'ils se dirigeaient vers l'escalier, le Tsaya'sht dit :
"Il s'est passé quelque chose de grave, oui : Ievgeni a lui aussi été attaqué... il est hors de danger, maintenant, mais vos agressions ont eut lieux au même moment. Je l'ai ressenti.
Permettez-moi de me présenter : je m'appelle Isaac. Guzman de part mon père, Nery de part ma mère. Je suis venu d'un autre monde, c'est vrai : du port de Buenos Aiyres. Un bon point de départ pour un très long voyage..."
De temps en temps, il jetait un coup d'œil à Rias, surveillant son état. Elle paraissait tout à fait remise, malgré une certaine fatigue.

"Quant à moi" dit le Réincarné, "appelez-moi Mustafa. Je viens du même monde qu'Isaac, bien que d'une autre ville et par d'autres moyens... Je suis venu ici en émissaire, porter la voix des miens à l'archimage, même si mes pouvoirs sont peu de choses comparé à ce que j'ai pu voir ici"

...

Tigrane : a vrai dire : j'apprécie le cran de ce gamin. Pas facile  se retrouver face à tout ça
Mayranush : Oui. Ne lui dit pas tout, Serdar : les gens d'ici n'ont pas cette proximité d'avec leurs morts. Inutile de l'effrayer davantage.
igrane : de la noblesse, dans ce gamin, je vous le dit...
Sastah : mes chers compagnons, avez-vous senti la force d'âme e celle qui s'arracha à l'appel de l'Outre-Monde ?

Quand Isaac l'avertit que Ievgeni avait été également attaqué, Rias eut un léger mouvement de recul, et eut le souvenir d'une douleur fulgurante qui transperçait son dos. Elle fut soulagée d'apprendre qu'il s'en était tiré sans dommage et comprenait pourquoi Nyrelion tardait à redescendre...

Elle répondit dans un souffle qui restait audible :
"Ainsi Maitre Ievgeni également ...Que Haruz nous aide dans notre vengeance...Hâtons-nous Messieurs."

Puis elle se tourna vers Olendir qui s'était mis à répondre à ses propres questions.

Rias écoutait le jeune mage, pensive.

Dans l'apparence et l'aura studieuse, il lui rappelait son mari quand ils étaient condisciples à l'Académie de Lamia, avant de se fiancer.

Elle revoyait ses fines lunettes carrées filtrant à peine un intense regard empli de curiosité et de soif de connaissance, ses larges épaules de futur chef de la famille Thousand, son sceptre de bois noble ciselé de runes qu'il brandirait plus tard pour enseigner à son tour...

Regrettant sa jeunesse insouciante, elle en fut d'autant plus résolue à protéger celle de ces élèves.

Elle fut tirée de sa rêverie par les mots chargés d'émotion du jeune De Sénelle.

Elle sourit calmement, pour le rassurer et répondit d'une voix chaleureuse et maternelle:

"Je vois...j'ai donc affaire à un brillant mage, promis à un grand avenir, n'est-ce pas ?

Quatrième Rang...sur Cinq si je comprends bien ?  Voilà la récompense d'un dur travail quand on s'en donne les moyens... J'espère que ma fille comprendra un jour qu'il y a des moments pour s'amuser et d'autres où il faut travailler dur..."

Elle continua à marcher, regardant Isaac et Mustafa du coin de l'oeil pour voir s'ils étaient bien derrière eux.


"Il faut des personnes de votre trempe pour diriger une famille, et pour faire fonctionner un pays au quotidien.

De la sagesse, du talent, de la curiosité... mais il faut autre chose...
De la passion...aimer la magie, ne pas la considérer comme un métier ou un fardeau...
Il faut toujours se laisser guider par son amour de la magie... Si vous la comprenez et êtes honnête envers vos capacités, elle vous portera haut.

Je déplore ainsi les comportements de certains mages, tant parmi ma Maison que chez bien d'autres...
Ils n'apprécient plus la beauté de la magie, les charmes d'une rune tracée au sol, la caresse d'une volute sortant d'une cornue d'alchimie, le mystère derrière la divination...

Mais sachez que je ne vous juge pas, bien au contraire car j'ignore totalement votre ressenti lorsque vous empoignez votre sceptre et que vous incantez un sortilège.

J'aimerais croire malgré tout qu'il existe encore des mages passionnés par l'essence même de leur pouvoir, ses origines, toutes les facettes qu'elle comporte...et pas uniquement un instrument de manipulation, de pouvoir ou bien de reconnaissance sociale..."

Tsaangpö, reprenant peu à peu ses esprits, répondit à Eliot :

- Une académie de mages? Quel sorte d'université est-ce là? Êtes-vous élève ici?

Dans l'empire tajaar les universités étaient fréquentes et formaient à quantité de sujets pour les examens impériaux, certaines d'entre elles étaient des monastères alors que d'autres étaient publiques. Aussi, Tsaangpö ajouta :

- Votre académie est elle rattachée à une institution religieuse? Et, est-ce que, par hasard, votre peuple s’apprêterait à passer les examens impériaux afin de vous intégrer dans l'empire?

Cependant, ce que lui déclara Nyrélion fut plus surprenant encore. Sans doute il devait être arrivé dans un pays où la population avait cédé à la folie. Mais, ce qui était perturbant était le fait que la voix de son interlocuteur et son attitude générale ne trahissait aucun déséquilibre, comme celle d'Eliot elle était calme et posée.

-Un autre globe? Voulez-vous dire que nous nous trouvons actuellement sur une des sphères célestes? Si vous dites vrai, seul Chaaj peut en avoir décidé ainsi, et comme vous le soulignez mon destin doit être de vous accompagner. Je vous remercie de m’accueillir si chaleureusement, et je pense qu'en effet je devrais me retirer quelques heures afin de méditer sur les évènements récents. Vous dites que ce lieu est une académie, auriez vous une bibliothèque ou je puisse me renseigner sur les choses de votre monde? A moins que votre langue écrite me soit incompréhensible, mais je comprends aisément vos paroles et vous vous exprimez dans un registre élevé de tajaar classique.

Cela dit, il suivit Eliot vers l'escalier de la tour.

L’œil vif de la créature, du haut de son perchoir, remarqua immédiatement son arrivée: d'un pas chancelant, elle sortit de la "barrière", fit quelques mètres, et s'effondra sur le flanc.

Épuisée, hagarde, elle se contenta de basculer sur le dos avant de s'immobiliser, le regard fixé sur la voûte plongée dans l'ombre.

Ses doigts crispés par les crampes refusaient de lâcher son sabre, et sa respiration sifflait légèrement: les cheveux défaits, les vêtements percés d' innombrables entailles auréolées de sang, elle n'avait vraiment pas bonne mine.

Elle ne réagit pas lorsque la créature plongea vers elle, silencieuse comme la mort. Mais elle n'était pas la proie: une grande silhouette armée d'une lance venait d’émerger quelques pas derrière elle.

Trop concentré sur sa future victime, le poursuivant ne remarqua son assaillant aérien que trop tard: atteint en plein visage, il poussa un horrible hurlement. Attaquant du bec et des serres l'endroit où aurait du se trouver les yeux, l'oiseau cherchait à faire le plus de dégâts possibles.

Le monstre lâcha son arme pour tenter de se défendre de ses mains, mais l'oiseau reprit son vol, et fit quelques tours rapides autours de lui pour le désorienter. Avant de replonger brutalement. Son bec puissant s'enfonça dans le cou, et la force de l'impact projeta au sol son ennemi affaibli.

Il taillada furieusement le dos exposé, ne s'arrêtant qu'un long moment après que le monstre ait cessé de bouger.

Tournant son attention vers la femme allongée au sol, il sautilla maladroitement dans sa direction, avant de s'arrêter à deux pas pour l'observer d'un air méfiant. S'approchant de son pied droit, il y donna un coup de tête, et bondit brusquement en arrière pour se mettre en sécurité.

Ne constatant aucune réaction, il s'enhardit: se plaçant d'un bond sur son torse, il y donna un coup de bec, releva la tête vers son visage, pencha la tête à droite, puis à gauche, puis à droite, et lança un croassement dubitatif.

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Un sourire amusé accroché à ses lèvres, elle venait de tomber dans les pommes...

Ixchel se réveille en sursaut. Le Paroneiron s'était effondré sur lui-même, dans un tremblement terrible. Elle n'avait rien pu faire : elle avait été éjectée de la dimension onirique. Elle pense aux deux autres rêveuses : s'en sont-elles aussi sorties ?
Klawlm près d'elle, sous la forme d'un esprit. Mais son essence a changée : il lui parle depuis les flancs de l'Erèbe…
Tout cela ne peut signifier qu'une seule chose :

Le plan du Paroneiron entier est menacé de destruction.

Le bruit d'un objet tombant lourdement au sol interrompt le flux de sa pensée. Allongée dans son lit, elle n'a pas sentie la secousse qui fait trembler toute l'académie. L'Oneiron se met à résonner dans le Réel…

La situation est préoccupante, oui.

Alors que la secousse s'arrête, Ixchel se lève. C'est terriblement difficile. La fatigue la frappe durement. Elle s'habille en vitesse, et sort de sa chambre, suivie par le Qolloshsmt.

Elle tente de repérer la trace onirique d'Evangeline. Elle perçoit l'aura d'argent, en train de disparaître. Elle frappe à sa porte.

En même temps, Klawlm s'envole, partant en quête de la dame grise… Klawlm observe son âme sortir de sa torpeur, et fait se troubler l'Erèbe tout autour... Retour parmi les vivants.

Tiens ! Elle est en train de se faire bécoter par un corbeau.



Klawlm rirait de toutes ses dents, s'il en avait.

Brusquement l'Oneiron se désagrégea dans un brouillard de plus en plus dense, puis la dimension fut prise de tremblements:
Evangeline sentit son âme perdre progressivement son ancrage dans le Rêve.

Puis elle retrouva son Corps, et refit phase avec la réalité.

Elle avit l'impression d'être passée tout près d'une noyade, et son corps se comportait comme si elle avait été tirée inconsciente du fond de la mer...

Elle suffoqua alors, respirant de grandes bouffées d'air, la tête lui tournait, et le décor de sa chambre retrouvée dansait devant ses yeux.

Elle prit quelques minutes à calmer son rythme respiratoire et cardiaque et remarqua alors que le sol tremblait : son lit, les murs, toute l'Académie.

Elle pensa alors que c'était peut-être les mêmes secousses que celles qui avaient agité l'Oneiron.

Elle se leva alors, descendit péniblement de son lit.
Tant elle était épuisée elle avait l'impression de tirer une charge de cent livres derrière elle...

Elle alla à la fenêtre, malgré les secousses.
Nulle étoile dans le ciel, la chape ténébreuse qui les enveloppait n'avait pas bougé pendant leur absence.

Elle vit alors une silhouette familière allongée sur le sol : elle reconnut immédiatement Miska...
Avait-elle perdu connaissance ou pire, avait-elle succombé ? Impossible, elle semblait indestructible !

Néanmoins, un corbeau imposant pensait en faire son dîner...

Evangeline sortit de sa chambre à la hâte, enfilant sa tenue  puis se matérialisa aux côtés de la Sorcière de Maer Telmos.

Elle cria à l'intention du corbeau, tout en tentant de le faire s'envoler : "Enlève-toi de là, messager de la Mort...ce n'est pas encore son heure ! "

Puis elle s'adressa à Miska, s'inquiétant en voyant ses blessures :
"Dame Miska ? Vous m'entendez ? Nous sommes retournées à l'Académie..."

Elle s'approcha alors pour tenter de la soigner, et de lui faire reprendre connaissance, malgré sa propre fatigue.

L'oiseau jeta un regard à la fois méfiant et agacé à l'arrivante: qu'est-ce qu'elle lui voulait, à gesticuler comme une cinglée ? 

Se disant que ça ne valait pas la peine de s'y attarder, il donna un nouveau coup de bec à Miska, tout en surveillant l'autre du coin de l’œil. L’apercevant qui se rapprochait, il prit une attitude menaçante, et déploya en grand ses ailes noires tout en croassant d'un air de défi. Le message était clair: on ne touche pas ! Si elle voulait, elle n'avait qu'à aller voir le cadavre d'à côté: celle là, elle était à lui.

Olendir répondit au salut des deux hommes qui accompagnaient Rias, et repris sa conversation avec Rias :

-En vérité, ma maîtrise magique tient surtout du fait de mon sang, néanmoins il est vrai que je m’entraîne également beaucoup. Je partage votre vision de la Magie, mais pour ma famille, elle est source de prestige et c'est à elle que nous devons notre rang de maison régnante, même si nous sommes dépourvus de la majeure partie des pouvoirs qui y sont associés du fait de la répartition bicéphale du pouvoir à Silesthis. Elle est donc un outil politique, même si nous ne pouvons l'utiliser pour renforcer notre pouvoir, seulement le maintenir, mais c'est aussi le cas des autres Maisons régnantes non magiques qui comme nous ne peuvent agir par la force, que par la ruse.

Ils poursuivirent leur discussion tout en pressant le pas pour rejoindre l'Archimage, quand ils se heurtèrent au Mage en vert, ainsi qu'un guerrier, habillé selon le jeune Mage, comme un homme du Nord habillé par les marchands de Lohan.

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Quand le corps de la jeune femme se matérialisa, le Griffon se précipita à sa suite pour tenter de l'aider, néanmoins une silhouette le devança, et comprenant le danger, il redoubla d'effort mais un corbeau, plus intelligent et plus fort que les autres de son espèce manifestement, tint en respect l'assassin et finit par le terrasser, littéralement d'ailleurs...

Le danger écarté, il s'approcha du corps de la jeune femme qu'il n'avait pu sauver, qui gisait au sol passablement amochée. Le corbeau, soit effrayé soit voulant encore protéger ce qui semblait être sa maîtresse, lui fit comprendre qu'il était pas le bienvenu.

Le Griffon se recula donc est émis un petit cri strident, et le Léviathan vint le rejoindre, ce dernier s'adressa alors au corbeau, d'une voix qui par le passé avait du être féminine, mais que la Magie et le temps avait altéré :

-Ne crains rien noooble oiseaaau dit-il, je ne veux aaaucun mal à cette femme. Laisse moi approoocher, et je restaaaurerai ces fooorces et soignerai ses blessures.

Sans attendre la réponse du volatile, le reptile marin s'éleva légèrement au dessus du corps et tendit son immense patte et commença à soigner la femme tomber du ciel.

Le Griffon quant à lui, surveillait la nouvelle arrivante.

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Nyrelion avait assisté sans réagir au départ du guerrier de l'autre monde avec Eliott, il aurait d'autres occasions de s'entretenir avec lui.

Ievgeni avait également quitté les lieux, et l'Archimage s’apprêtait à faire de même quand il entendit l'appel du Griffon, il s'avança vers les créneaux et vit deux corps qu'il ne put identifier à cause de la distance, mais déploya son aura et reconnu Miska, l'autre corps, mort au demeurant, lui était inconnu. Le Léviathan s'approcha d'elle et s’apprêtait visiblement à effectuer un rituel de soin.

Il vit également une autre femme, qu'il reconnu comme Evangeline, courir vers elle et
il allait les rejoindre quand la terre se mit à trembler. Il garda son équilibre tant bien que mal, et retrouvant un semblant de concentration il commença à faire appel à sa maîtrise de la Terre pour tenter d'endiguer les secousses.

"Barrez vous, je suis en pleine forme !" grogna Miska, qui avait reprit conscience.

Elle se contredit quelque peu en étant soudain prise d'une violente quinte de toux sanguinolente qui la laissa pliée en deux. Serrant les dents pour ne pas montrer l'effort que ça lui coûtait, elle tenta un mouvement pour s'installer plus confortablement.

Le corbeau, voulant s'assurer qu'elle était bien réveillée, donna un dernier coup de bec dans son pied.

"Aïe ! s'écria-t-elle. Foutu volatile ! Recommence ça et je te mange en terrine !"

Indigné par l'absence de reconnaissance qu'il recevait malgré ses efforts, l'oiseau se drapa dans ses plumes, poussa un croassement éloquent, et s'envola.

Miska ferma les yeux un instant, puis les rouvrit:

"Vous êtes encore là ? grinça-t-elle d'une voix sifflante. Je vous préviens, le premier qui me touche peut dire adieu à ses doigts !"

"Manquerait plus qu'un amateur salope le boulot, grommela-t-elle pour elle-même. Non, je vais juste me reposer ici cinq minutes, et ça ira..."



Quelques minutes plus tard, un nouvel arrivant rejoignit le petit attroupement qui s'était formé:

"Mes dames, monsieur, je vous salue !" fit-il en s'approchant.

Il ne sembla pas reconnaître Evangeline, qu'il avait pourtant croisé dans le Rêve quelques temps plus tôt.

"Ah, je vois... constata-t-il en voyant leur tête. Elle était réveillée, c'est ça ?"

Il observa un instant la gisante, et reprit:

"Vous en faites pas, avec elle, c'est souvent comme ça. Elle a parfois un caractère de..."

Il fut interrompu par une nouvelle série de crachements dans son dos:

"Ah, ma Dame, vous êtes réveillée ! s'exclama-t-il en se tournant vers elle. Vous sembliez si bien installée que je n'ai pas osé vous déranger..."

Malgré ses plaisanteries, il s'accroupit à son chevet et lui proposa sa gourde. Elle se laissa aider pour se redresser, mais tint absolument à boire sans aide.

Neivar lançait régulièrement des regards d'avertissement aux autres: il fallait qu'ils s'abstiennent absolument d'intervenir. Elle était tellement butée qu'elle était capable de se laisser se vider de son sang rien que pour prouver qu'elle n'avait pas besoin d'aide.

"T'aurais pas quelque chose de plus fort ?" demanda-t-elle après quelques gorgées.

"Je pense qu'on devrait pouvoir trouver ça, répondit-il. A l'intérieur..."

"Ah... grimaça-t-elle. Tu veux pas me l'essuyer ? demanda-t-elle en désignant son sabre. Je suis tellement couverte de saletés que..."

Il nettoya soigneusement l'arme tout en faisant semblant de ne pas voir ses efforts pour se remettre debout. Après quelques essais visiblement douloureux, elle se contenta de la position assise. 

Ayant terminé son ouvrage, il voulu remettre le sabre dans le fourreau dorsal de sa propriétaire: son sourire se crispa quand il constata l'état du dos de cette dernière. Il la vit soudain vaciller, et eut juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne s'effondre à nouveau.

"Demoiselle, fit-il à Evangeline en soulevant doucement Miska dans ses bras, je vous saurai gré de bien vouloir me servir de guide: j'ai l'impression qu'elle a besoin d'un lit..."

Evangeline avait arrêté son mouvement en direction de Miska, étant donné que deux immenses créatures approchèrent d'elles : un Griffon et un Leviathan.

Ignorant qu'il y en avait dans ce monde, elle était à la fois stupéfaite et méfiante :

Se demandant s'ils ne sortaient pas tout droit de l'Oneiron, elle porta la main à son épée.

Mais ils l'ignorèrent , concentrant leur attention sur Miska. 

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle les entendit parler au capricieux corbeau !

Elle avait déjà entendu dire que certaines créatures pouvaient parler comme les Dragons ou autres Phénix, mais elle a avait toujours pensé que ce n'étaient que des légendes...

Puis Miska se réveilla et Evangeline constata à nouveau l'attitude capricieuse de la jeune femme qui , évidemment irritée par la douleur de ses blessures et qui n'était pas dans une forme resplendissante, repoussait toute approche compatissante.

Evangeline resta à surveiller Miska, toujours en posture de combat le regard fixé sur les deux Créatures, déplorant qu'elle n'ait pas voulu être soignée.

Quelques minutes plus tard, l'individu qui les avait aidées dans l'Oneiron fit son apparition, accroissant la stupéfaction d'Evangeline...

Il s'occupa alors de Miska et elle put voir la profonde relation de confiance entre les deux, un peu comme s'il était le grand frère de la mage de Maer Telmos.

Malheureusement Miska finit par vaciller dans les bras du sombre guerrier et il lui demanda alors de le guider vers une chambre.

Elle lui répondit, un peu intimidée  : 
" Euh...oui...Très bien ! 
Je ne sais pas où est la chambre de Miska mais je peux vous conduire dans la mienne. Miska pourra s'y reposer à son aise.
 Elle est dans la Tour de Messire Nyrelion, donc je pourrai en profiter pour aller le voir et lui faire part de tous les évènements récents..."

Et elle se dirigea vers la Tour Centrale, Neivar lui emboîtant le pas

Rias écoutait la réponse d'Olendir et continuait à gravir les marches , Mustafa et Isaac sur ses talons et visiblement attentifs à leur conversation.

Elle finit par répondre : 

"Mes propos ne veulent cependant pas signifier que votre maison se méprend sur sa fierté et les avantages politiques que lui procure sa position, Messire Olendir.
Vous ne devez point rougir de vos responsabilités et de l'héritage prestigieux que vos ancêtres vous ont légué en matière de magie. Il s'agit même d'un trésor qui vous différencie des autres familles et qui fait de vous un Sénelle.

La situation de Silesthis me paraît nénamoins très intéressante car vous avez laissé entendre tantôt que les Sénelle y partageaient le pouvoir avec une autre famille.
Je perçois dans vos propos, dites moi si je me trompe , que cette famille noble n'est pas magique.
Néanmoins elle est assez forte pour se maintenir aux côtés d'une maison magique à la tête de Silesthis.

Ce monde me paraît bien plus complexe et fascinant que je ne l'avais imaginé de prime abord..."

Elle se tut lorsque leur groupe croisa deux personnes qui descendaient les marches en provenance du toit.

Elle reconnut Elliot et à sa grande surprise il était accompagné d'un guerrier à l'air imposant, et dont l'accoutrement militaire lui rappelait celui des Syréliens, improprement appelés Barbares du Nord par ses concitoyens.

Mais ses caractéristiques physiques étaient très éloignés du Syrélien moyen, notamment parce qu'un Syrélien devait mesurer aisément 7 pieds, comme Nyrelion.

Venait-il lui aussi d'une autre dimension ? Pourquoi accompagnait-il Elliot ?

Elle s'adressa alors à ce dernier, d'un ton assez froid qu'elle lui réservait à chaque fois qu'elle lui parlait :

"Messire Elliot, quelle joie de vous revoir après ce fâcheux incident durant lequel , je dois bien l'avouer, je n'ai pas eu le loisir de voir votre présence...
Je suppose que vous avez préféré prévenir Nyrelion de mon agression, enfin ce n'est qu'une hypothèse de ma part. Je ne vous savais pas si prévenant.

Mais passons, étant donné que mon état s'est amélioré...Bien que je sois pressée car nous devons voir Nyrelion urgemment, j'aimerais savoir qui est l'homme mystérieux qui vous accompagne ?"

Elle se tourna alors vers Tsaangpo, son habituel intense regard écarlate plongé dans ceux du guerrier.

"Je préfère finalement que cela soit vous qui vous présentiez vous-même...C'est bien plus logique.

Je suis celle qui pose la question donc je me présente d'abord : Rias Lysis Elyana de la maison Gremory...mais vous pouvez m'appeler Dame Rias.
A qui ai-je l'honneur ? Vous n'êtes pas issu de ce monde non plus, n'est-ce-pas ?"

Tsaangpö commença a descendre les marches accompagné d’Eliott. Par certains traits l'architecture qui l'entourait, faite de pierres épaisses et larges lui rappelait Vâdwurbaus et les plus imposantes forteresses svakâram... Un bâtiment bien singulier en tous cas, et fort élevé. Au cours de leur descente ils rencontrèrent d'autres étrangers, dont l'apparence physique était assez singulière, l'un d'entre eux était relativement grand et possédait une chevelure d'or, il intrigua Tsaangpö car de sa personne semblait émaner un étrange pouvoir, comme s'il possédait des capacités extraordinaires. Un autre indigène, ou plutôt une autre se tenait à ses côtés, le regard volontaire et déterminé. Elle intriguait Tsaangpö car, bien qu'étant d'une beauté remarquable, ses yeux étaient écarlates tout comme sa chevelure flamboyante. Elle devait être quelqu'un d'importance car elle s'adressa à lui directement, sans se servir de l'intermédiaire des hommes qui l'entouraient et parlait d'elle à la première personne, sans aucune formule d'humilité. Tsaangpö lui répondit donc avec déférence :

- Je suis Suur Tsaangpö du Shangyoog, général des Invisibles et serviteur de l'empereur. Malheureusement j'ai la distincte impression que, en ces contrées, vous ignorez tout de l'empire tajaar et de sa grandeur. Je suis, en tous cas, honoré de vous rencontrer, Dame, -il hésita quelques instants sur la prononciation- Rias. La maison Gremory m'est inconnue je dois l'admettre, est-ce une des lignées nobles de cette contrée? Je vous ais rejoins par un moyen qui m'est encore inconnu et, pour tout vous dire, j'en suis encore déconcerté.

Par certains de ses traits et son expression Dame Rias lui rappelait un peu Fahatnî, elle était tout aussi directe et, comme elle, semblait ignorer tout du registre humble réservé aux femmes de la cours...

Pendant qu'ils descendaient les marches, Elliot continuait d'observer Tsaangpö...   Il était maintenant sûr qu'il provenait d'un pays peu avancé scientifiquement et culturellement et non magique par dessus le marché...

D'où son ignorance sur des choses élémentaires...Il s'adressa alors au guerrier tadjaar:

"Je me souviens que vous avez cru tout-à-l'heure que j'étais élève ici...Je n'en suis pas un, je vous ai dit être arrivé ici comme vous, par hasard. Mais je viens d'un pays où la magie existe comme ici, donc je suis moins dépaysé que vous...
Mais je vous aiderai à vous acclimater ici, même un non mage comme vous peut tenir tête à des mages, il faut savoir s'y prendre d'un certaine façon... "

Il continua, avec un sourire étrange sur le visage:
" Cependant la situation n'est pas très saine ici, vous avez mal choisi votre jour...vous avez surement dû voir ce vieil homme poignardé...
Il y a des meurtres inexpliqués dans cette Académie...  Donc restez sur vos gardes et n'ayez confiance envers personne qui vous paraîtrait suspect...On meurt bien vite ces temps-ci"

Il se tut lorsqu'ils rencontrèrent un groupe de personnes qui montaient les marches : il reconnut Rias, qui avait survécu à son agression, le jeune étudiant prétentieux de tout-à-l'heure ainsi que Isaac et Mustafa.

Quand Rias eut fini de l'importuner par ses habituelles remarques sarcastiques puis de se présenter à Tsaangpo, il répliqua :

"Moi de même, je suis heureux que vous ayez survécu, sachez le. Je perdrais un élément précieux de mon futur pays... Le vieil homme a également survécu chers Terriens..."

Puis il murmura à Tsaangpö, encore une fois sans la moindre aura de mépris ni froideur :
"Voici le genre de personnes suspectes dont il faut se méfier cher ami...Elle a une solide réputation de manipulatrice dans mon pays...Je ne vais pas vous apprendre la perfidie des femmes..."

Puis il dit à voix haute :
"Bref, allez voir l'Archimage si cela vous chante, moi je vais accompagner ce visiteur à l'une des chambres du dortoir... Il a besoin de repos..."

Mustafa suivait Olendir, Rias et Isaac, fermant la marche tandis que ses vies tenaient la conversation. Tigrane s'etait ainsi pris à deviser de la poliorcétique des lieux, tout en évoquant le souvenir chéri de sa terre natale et du château de son enfancel voyait Isaac, qui suivait d'une oreille distraite la conversation entre Olendir et Rias -mais qui paraissait préoccupé, montant d'un pas nerveux. 
Ces mondes étaient si différents de son quotidien ! Personne n'avait à se cacher, les mages étaient reconnus, au lieu d'être pris pour des fous... Mustafa se prit à rêver, quelques instants.
Soudain, des voix se firent entendre -et ce n'était pas dans sa tête, cette fois- : l'une appartenait à Eliott, que Tigrane avait surnommé, avec un certain mépris, Vassilikos, la seconde voix était inconnue.
es deux hommes apparurent alors. Eliott était accompagné d'un guerrier Hun. Ou peut-être était-il d'une tribu turc, ou mongole ? Tigrane n'arrivait pas a l'identifer de façon définitive...

L'homme disait s'appeler Tsaangpo, donc, ne venait manifestement pas de la Terre, lui non plus -personne n'avait connaissance d'un empire Tajaar-.
Mais bon, un guerrier étant un guerrier, Tigrane le prit en sympathie et en confiance, il prit la parole au travers de Mustafa :
"Baron* Suur, mon nom est Tigrane, du clan des Moussélé, seigneurs de la ville d'Ani et honneur de l'Hayastan ; général de l'Empereur de la Nouvelle Rome, pour vous servir. Soyez ici le bienvenu, et comptez sur mon hospitalité, en ce temps perturbés !"

Isaac fut tiré de ses pensées, se retourna, mi étonné, mi amusé, et poursuivit :
" Mi kavayero, permettez-moi de me présenter également : Isaac, Guzman de père, Nery de mère, humble citoyen du port de Buenos Ayres et voyageur passionné... Je me joins à mon ami pour vous souhaiter la bienvenue parmi nous. Quant à votre arrivée en ces lieux, j'ai comme l'impression que la "responsable" de tout cela n'est pas bien loin..."

*arménien pour : "monsieur".

Décidément, cet Elliot aimait parler... Durant leur descente, il ne cessa pas de s'adresser à Tsaangpö de manière très directe, comme si ils se connaissaient et intriguaient ensemble depuis de longues années. En tout cas, ce qu'il disait n'était pas inintéressant :

- Messire Elliot (Tsaangpö avait du mal à se faire au titre, mais l'expérience lui avait apprit que se conformer aux usages du pays était une sage décision... Il gardait de désagréables souvenirs de ces premiers contacts avec les femmes svakâram entre autres), le monde dont vous me parlez semble bien étrange en effet. Les "mages" que vous évoquez semblent posséder de grands pouvoirs, j'ai moi même eu l'occasion d'observer de bien étranges compétences, mais celles-ci me sont encore inconnues.

Il ne s'étendit cependant pas sur ces propres capacités, ne voulant pas dévoiler sa faiblesse relative. Du reste il tenta de cacher son étonnement qui allait, cela va sans dire, grandissant. Au mises en gardes d'Elliot il répondit :

- Je vous remercie de me mettre en garde, la vie est en effet un jeu dangereux et ses règles sont parfois cruelles. J'ai cependant pris pour habitude de n'accorder qu'une importance modeste au activités les plus basses des hommes. Les règles sont toujours les mêmes et l'homme sage s'en accommode très bien.

En réalité, les dernières paroles d'Elliot l'inquiétèrent quelque peu car elle lui donnèrent l'impression d'avoir débarqué au milieu d'une atmosphère de conspiration et d'instabilité politique, ce qui pourrait très bien tourner en sa défaveur. Les paroles murmurées d'Elliot au sujet de Rias l'inquiétèrent encore plus, ces mots durs pour la jeune femme lui rappelèrent les discours que tenaient certaines langues perfides de la cours au sujet de Fahatnî... Comme il détestait les médisances... L'homme d'action qu'il était ne pouvait supporter ces bassesses qui, d'ailleurs, lui avaient parfois fait tant de mal. Tenir une épée était parfois plus sûr que de vivre à la cours il est vrai... Enfin, par prudence, il ne répondit pas à Elliot, le silence est parfois la meilleure stratégie dans ce type de situations pensa t-il...

Lorsque l'autre groupe les rejoignit plusieurs hommes engagèrent la conversation. Le premier, aux traits plutôt fins, pris la parole. Ses mots étaient moins mystérieux que ceux des autres étrangers et son discours était vaguement familier.

- Général Tigrane, je suis heureux de rencontrer un homme d'importance d'un autre empire de ce monde! Ces lieux sont décidément très cosmopolites...

Le deuxième possédait un menton plus appuyé, mais, comme Tigrane, avait un type physique lui rappelant vaguement les svakâram...

- Je vous remercie de votre accueil, et de votre aide! Les raisons de mon arrivée ne sauraient en effet rester floues plus longtemps, les actions de Chaaj elles-mêmes ayant toujours une raison, même lorsque cette dernière échappe aux hommes.

Même si le mot Ba ron, barön? ba'rong? lui était inconnu car difficilement traduisible en tajaar, il en saisit le sens sans grandes difficultés. Les titres semblaient posséder une importance assez grande en ce monde... Cependant, le langage des gens qu'il rencontrait était léger, point de formules complexes et honorifiques... Il commençait à vraiment apprécier ce monde ou régnait une vague sensation d'égalité. Enfin, trêve de discutions, il lui fallait suivre Elliot afin de rejoindre ses quartiers ou il espérait pouvoir méditer sur les évènements récents.

Alors qu'Ixchel allait frapper à la porte d'Evangeline, elle n'entendit subitement plus rien.

Elle devait être partie... A la recherche de Miska, sans doute... Klawlm pourrait sans doute lui dire. Mieux valait attendre un peu et reprendre des forces.

Klawlm revint, quelques instants après :

jêm/ás's psa wl-ä'Z* !

Vraiment ? Tout va bien ?...

Alors, il lui raconta tout ce qu'il avait vu :

"Oui, tant de créatures chimériques, c'était comme à la maison... rho, cesse de te moquer d'elle, Klawlm ! Bon, tu dis qu'ils viennent par ici ?... Viens, pose-toi sur ma main !"

En arrivant dans le couloir qui mène à la chambre d'Evangeline, ils purent voir (certains plus que d'autre) l'enchanteresse qui les attendait, les cheveux devenus rouges, devisant avec un étrange corbeau mordoré sur le bras qui leur présentait un sourire plus étrange encore.