[RP] Le Masque du Dieu Mort

Elysa eut bien plus de réponses qu'elle escomptait.

Alors qu'elle examinait machinalement le contenu de l'escarcelle qu'il lui avait donné, elle réfléchissait à ce que l'ancien avait raconté.

Le soleil avait grossi subitement et de ses rayons ardents, il avait détruit quasiment toute vie sur ce monde.
Quelle plaie ! Comment une telle chose avait-elle pu se produire ?
Plus d'eau, plus de plantes, une chaleur suffocante, un désert aride... c'était ce qui les attendait. Si seulement il avait pu invoquer quelqu'un d'autre qu'elle...

Elle repoussa cette pensée en secouant la tête, si Algard était dans cet état, les rares survivants supplieraient que quelqu'un les sorte de là... De toute manière, si elle voulait retourner chez eux, elle devait bien accomplir cette mission...insensée.

Elle extirpa du sac un briquet à silex, et de l'amadou.
Au moins ils feraient du feu facilement.

Insensée en effet. Ils devaient se rendre plein Ouest, en direction d'un tombeau où était enterré un dieu.
Etrange. Les dieux étaient immortels. Il devait s'agir d'un esprit puissant mais mortel qu'ils appelaient dieu... Elle espérait qu'il y avait bien là-bas la fameuse puissance dont ils avaient tant besoin, elle n'aimerait pas risquer sa vie pour un échec. Car le voyage était très risqué.
La traversée se ferait évidemment à travers des terres devenues arides et invivables. Il leur avait laissé le choix entre suivre le canyon, en faisant un détour et couper par l'Ouest...
S'ils pouvaient se guider, il n'y avait pas à hésiter, il fallait prendre le court chemin, quitte à prendre plus de risques.

Elle avait fait ça à plusieurs reprises sur l'Avalon, pour pouvoir sauver des postes avancés et des villages avant l'ennemi, même si la route n'était pas sûre.
Idem quand elle effectuait des campagnes sur le continent...

Ce n'était pas le risque qui lui faisait peur, c'était le fait que les paramètres ne dépendaient pas d'elle... Elle devait faire confiance aveuglément au vieil homme...

Elle manipula avec satisfaction la lame pliable qui pouvait servir pour n'importe quel usage et la glissa dans sa botte. Elle vit du fil, des tissus et des biscuits...
Maigre tout ça...

Elle se remit à penser. S'ils allaient vers l'Ouest, il leur faudrait se guider avec précision. Le soleil ? Les étoiles ? Elle saurait s'y faire si elle prenait un ou deux jours pour observer et faire les repérages qui s'imposaient.
Mais le vieux leur avait dit qu'il essaierait de trouver du matériel...

Elle ne perdait rien à demander s'il avait de quoi naviguer... Et elle ne sentirait pas à l'aise, militaire comme elle était, sans une bonne arme...

Et bien sûr il y avait le plus capital : les provisions et l'eau...

Elle rangea les affaires dans l'escarcelle qu'elle mit à sa taille, puis avisa le vieil homme :
"Messire, vous nous avez demandé si nous voulions du matériel particulier..."

Elle se tut un instant puis reprit :
"Oui, finalement je n'ai pas réfléchi bien longtemps...Je n'ai pas trop eu le choix... J'accepte bien de vous aider finalement...après tout, nous sommes sur le même navire à la dérive, comme je l'ai dit plus tôt.

Bref, j'aimerais que vous me procuriez, si vous en avez, de quoi écrire, et surtout de quoi naviguer s'il vous plaît...
Une boussole, sinon un sextant ou un astrolabe, voire une montre solaire... et si vous avez... une longue-vue pour voir de loin...mais je m'en passerai au pire...
Le plus important c'est que nous puissions nous repérer et tracer notre route...

Ah et si vous avez une carte du ciel, je ne sais pas...

Mais cela n'est pas le plus important... vous avez parlé de ne pas avoir beaucoup d'armes de guerre... Vous avez quoi au juste ?
Arcs et flèches, des épées ou tout objet tranchant... Car j'imagine que la traversée ne sera pas sans danger... Et il faudrait que je, enfin que nous puissions nous défendre...
Si vous aviez des armes à feu ce serait le rêve, mais bon cela n'existe peut-être pas ici... et avec la catastrophe, il n'y a peut-être plus rien..."

Elle désigna l'escarcelle : "Au fait, pour ça...je vous remercie, ça sera utile..."

Elle hésita : "Une dernière question...
Oui, je dois vous déranger un peu... Et je sais que vous essayez de nous mettre dans les meilleures conditions possibles...

J'aimerais savoir comment cela se passe pour la nourriture et surtout l'eau ? J'imagine que je ne suis pas la seule à m'inquiéter à ce sujet...
C'est le point majeur, mais vous ne nous envoyez pas là-bas sans le minimum vital, donc je vous fais confiance... Je pose juste la question..."

Les impressions d'Yssénée se trouvèrent confirmées par les paroles de leur hôte, l'équilibre de ce monde avait bel et bien était perturbé, par un phénomène naturelle et non pas par quelques puissances supérieures. Tout avait été calciné par l'astre du jour devenu fou, et avait sûrement rendu hommes et bêtes complètement fou.

Quand l'autre jeune fille avait parlé, il lui avait semblé comprendre certains mots, apparemment elle était préoccupée par l'eau et la nourriture, ce qui était logique, ainsi que par les étoiles, pour se repérer sûrement. Yssénée lui laissa donc gérer cette partie du voyage.

Il y a quelques années, un érudit Marche-Feu de la Tribu du Puits était venu au palais et avait expliqué aux jeunes élèves de la cour, comment son peuple procédait lors de leur voyage dans le désert pour le Pèlerinage du Croissant, et comment lui même avait traversé les sables de l'Est pour venir jusqu'à eux.

Bien sûr le Désert de Syoralie semblait peu de chose face à un monde consumé par la chaleur comme celui-ci, mais ces connaissances lui seraient d'un grand secours ici, ainsi qu'à ses compagnons d'infortune.

Elle se dirigea tout d'abord vers les habits et les tissus que proposait le vieil homme, et finit par dénicher ce qu'elle cherchait, un ample habit noir en laine et un plus léger en blanc pour mettre en dessous, et qui en plus possédait une capuche qui lui protégerait la tête des rayons meurtriers, du moins elle l'espérait, car celle que portait l'homme du désert était bien plus épaisse et couvrait plus efficacement le visage. Avec quelques pièces de tissus supplémentaires, elle pourrait surement obtenir quelque chose de convenable malgré ses faibles talents en couture, le résultat serait grossier, ce dont elle se moquait bien.

Dans l'espoir que les autres la comprennent comme elle avait compris la demande de la jeune fille, elle leur indiqua la tenue qu'elle avait tant bien que mal reconstitué :

-Je ne suis pas sûre que vous me compreniez, mais ces vêtements nous protégerons de la chaleur, du sable, et peut-être du froid nocturne.

Yssénée chercha également un bâton, seule arme avec laquelle elle savait se battre. La jeune prêtresse mit la main sur un bâton plus fin que sa propre arme et sans lame, mais néanmoins doté d'une pique en bas. La dragonne semblait indiquer qu'il était prévu pour la marche, même si le vieil homme avait parlé de monture, on ne savait pas si elles les accompagneraient pendant tout le voyage. Afin de pouvoir être utile à distance, elle prit également une fronde.

Se souvenant également d'une anecdote de l'érudit du désert, à propos des animaux qui s'enterraient pour se protéger de la chaleur, elle chercha une pelle, tout en espérant ne jamais avoir à s'en servir...De plus, elle ne pourrait pas la porter elle même, elle l'accrocherait à sa monture ou demanderait à un de ses compagnons plus grand et plus fort de s'en charger.

Elle mit de coté de quoi dormir à l'abri des éléments : deux tentes et des sacs de couchage, qu'un autre membre devrait également se charger. Quand elle estima qu'elle avait réuni les choses nécessaires au voyage, Yssénée prit enfin le temps de regarder l'escarcelle : un couteau, un briquet à amadou, un nécessaire à couture, des biscuits et des mouchoirs en tissu.

Comme sa comparse l'avait fait, elle s'adressa à leur hôte :

-Excusez-moi, auriez-vous un livre ou tout autre chose qui pourrait nous aider à identifier les plantes de cette région, et lesquelles pourraient nous être utiles ? Si toutefois elles ont survécu.

Jillian avait écouté les jeunes femmes et le vieillard, comprenant leurs langages que dans les grandes lignes. Ses compagnons d'infortunes semblaient aussi ennuyés que lui à l'idée de ce périple et ils avaient déjà sermonner leur hôte, pas la peine d'enfoncer le clou, il préféra se montrer charmant.

Il analysa la situation rapidement, il n'avait pas le choix, s'il voulait rentrer chez lui, il allait devoir se montrer patient et aider ce monde, ou du moins trouver un moyen de repartir, et il avait besoin des autres pour y arriver. L'idée lui déplaisait mais Arinar et sa famille avait besoin de lui, il devait tout faire pour rentrer. Il prit sur lui et afficha un grand sourire, se tourna vers le vieil homme et lui promit son aide.

Il regarda autour de lui et repéra une dague éfilée, facile à dissimuler, une épée, de la corde, une casserole en métal, une couverture et un vêtement ample accompagné d'un foulard pour couvrir la tête.

Il prit un ton charmeur et demanda au vieil homme quelques plantes pour préparer d’éventuelles potion, ( ou poison, c'est selon ), une carte de la région et du ciel ( étoiles ), il lui demanda également quel genre de monture il avait prévu ainsi que toutes les infos dont il disposait sur ce monde, ce dieu mort et son masque.

Il avait besoin de savoir où il avait mis les pieds et ce qui l'attendait. Il voulait être un minimum préparé aux obstacles qu'il pourrait rencontrer, en dehors de la chaleur cuisante qui ravageait ce monde, il était habitué au désert d'Al Saad, mais quelque chose lui disait que ça ne serait pas la même histoire ici ...

- Je pense que nous devrions prendre un ou deux jours pour se préparer le plus efficacement possible, rajouta t-il à l'attention de tous. Il nous faut préparer des provisions et de l'eau, apprendre à nous repérer dans ce monde et choisir l'itinéraire, je propose d'aller au plus court et de passer par le désert.

Il se tourna vers leur hôte :

- si vous avez des livres sur ce monde, ou toutes informations que vous jugerez utiles, c'est le moment de nous en faire part. Nous sommes donc sous terre ? Il faudrait aller voir à la surface afin de jauger le terrain.

Il se rassit et pris le temps d'observer les réactions de chacun

Leur hôte, s'il remarqua l'impolitesse totale qui les avait fait se servir eux-mêmes, ne leur en fit pas la remarque.

"Bien sûr, fit-il après un instant, les vivres ! Rassurez-vous, vos montures, que je vous présenterai dans un instant, sont déjà harnachées et chargées de toute l'eau et la nourriture qu'il m'est possible de vous fournir. Sauf imprévu, vous devriez en avoir en suffisance pour atteindre la côte. Passé cette limite, je crains fort de devoir vous livrer à vous-même."

Il jeta soudain un regard aux deux êtres qui n'avaient pas encore parlé, un air inquiet sur le visage:
"Messires ?"        

Alors que leur teint virait au gris argile, il bondit vers eux et traça une série de complexes symboles dans les airs, accompagnée de formules chuintantes et cliquetantes.
Malgré ses efforts, leur corps se figea et ce qui ressemblait jusqu'ici à de la chair se changeant en une statue d'argile desséchée, qui se creusa de profondes fissures avant de s'écrouler en un tas de poussière grise.

"Non non non ! se lamenta le mage. Tant d'heures de travail gâchées !"

Il reporta son attention sur les trois autres, recherchant avec angoisse tout signe de dégradation de leur corps, mais se rassura finalement: apparemment, eux tenaient le coup.

"Je suppose que vous êtes encore assez nombreux pour réussir, remarqua-t-il pour lui-même. Mais le délai dont nous disposons est bien plus court que ce à quoi je m'attendais. Hâtons nous de vous préparez, il n'est que trop temps !"

Il reporta son attention à ses étagères, dégagea d'une patère deux foulards supplémentaires, deux capes de cuir et un manteau long, ainsi qu'un curieux cercle de bois et des bandeaux sertis de pierres translucides:

"Tenez, couvrez vous la tête et le corps avec ceci, proposa-t-il en donnant un foulard aux jeunes femmes, réservant le manteau pour la première et la cape pour la prêtresse et le jeune homme. Bien que votre parcours soit fort simple, vous ne pourrez vous fiez qu'au Soleil pour vous guider: la course des étoiles est devenue complètement folle, rendant caduque toute nos cartes célestes. Vous pourrez utiliser ce disque pour suivre la course du soleil: il fonctionne comme un cadran primitif, mais sera je pense suffisant. Même si je vous déconseille de voyager de jour, vous devriez également vous munir de ces bandeaux: posés sur vos yeux, ils les protégeront un court moment de l'ardente lumière qui sans eux vous rendrait aveugles."

Il sort enfin une sphère noire mat de sa poche, qu'il confie à la prêtresse:

"J'ai envoyé au devant de vous mon assistant, chargé de repérer le terrain  au-delà du désert. J'hésitais à vous en parler, n'ayant plus eu de nouvelles depuis un moment, mais j'aimerai que vous lui remettiez cet objet si par miracle il était encore en vie. Il connait bien mieux que moi cet enfer qu'est devenu notre monde: j'ai consacré mes dernières années à parfaire le rituel qui vous a fait venir ici, et plus rien de ce que j'ai pu connaître de la faune et de la flore extérieur ne doit subsister. Aussi, fiez-vous à votre instinct: ce qui reste de vie à évolué pour survivre, et il s'agit souvent de le faire au détriment des autres. Je vous souhaite de ne pas croiser les misérables restes de ce que fut notre glorieuse race, mais si cela se produisait, fuyez, ou frappez les premiers. D'ailleurs, j'y pense..."

Dans un dernier coffre, il préleva un étuis de cuir fatigué incrusté de poussière brillante et abrasive:

"Jeune dame, dit-il à Elysa, voici un arc de ces mêmes  monstres du désert. Bien que petit, il est relativement puissant, et son carquois contient une trentaine de flèches légères. Il ne saurait percer de solides protections, mais vous lui trouverez une utilité certaine contre des créatures faiblement cuirassées."

S'adressant à nouveau au groupe:

"Je crains de devoir vous presser: si vous n'avez aucune autre remarque, je vous prie de bien vouloir me suivre..."

Il les mena hors de la pièce, vers un escalier qui s'enfonçait en spirales vers les profondeurs. A mesure qu'ils descendaient, ils pouvaient sentir l'air se rafraîchir de plus en plus, jusqu'à provoquer chez eux quelques frissons.

Ils atteignirent finalement une grande caverne à l'atmosphère saturée d'humidité, plantée de colonnes et de petits bassins inondés. L'air était délicieusement humide, et ils avaient l'impression de gagner en souplesse et en vivacité à mesure qu'ils s'en imprégnaient.

Une douce lumière semblait provenir du bassin central, où nageaient paresseusement des créatures improbables. Semblables à des lézards on ne peut plus communs, c'est leur taille qui surpris les arrivant: leur corps faisait environ la longueur de celui d'un cheval de trait, et bien qu'ils fussent beaucoup plus bas sur pieds, ils atteignaient une hauteur suffisante pour être montés, comme l'indiquait le tapis et les sacoches qui pendaient sur leur flancs.

Au premier abord, la lumière semblait émaner d'eux, mais il apparut rapidement qu'elle était produite par les remous qu'ils provoquaient dans l'eau. L'ensemble donnait une impression de douceur et de beauté irréelle, comme s'ils venaient d'entrer dans le monde des fées.

Même le vieil homme resta un instant sans voix, mais l'urgence de la situation lui revint rapidement. Il attira l'attention des créatures d'un chuintement pour les présenter à ses invités:

"Voici vos montures, comme vous l'aviez deviné. J'admets qu'elles sont impressionnantes, et d'ailleurs, elles sont dangereuses, mais elles sont ce qui se fait de mieux pour franchir les déserts et les terres au-delà le plus rapidement possible. Ne vous fiez pas à leur marche pataude: elles sont aussi rapides qu'un cheval et bien plus endurantes. Très intelligentes, elles ne sont pas difficiles à contrôler: il suffit de taper le sol dans la direction souhaitée avec une perche souple comme celles que vous voyez attachées sur leurs flancs."

Tandis qu'il parlait, les bêtes s'étaient doucement rapprochées de leur pas chaloupé, dardant à travers une impressionnantes dentitions leur langue fourchue pour sentir les "étrangers". Visiblement satisfaite, l'une d'elle releva brusquement la tête, avant de s'écrouler de tout son long sur le sol humide en émettant une sorte de grondement sourd.

http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1004341-Dragon.jpg
https://www.youtube.com/watch?v=avS_LmI_-ow

Elysa allait remercier leur hôte au sujet des vivres et de l'eau quand elle eut un hoquet d'effroi :

Le visage du solide guerrier et de l'étrange individu de grande taille devint subitement grisâtre.
Le vieil homme essaya de remédier à la situation, mais à l'horreur générale leurs corps tombèrent en poussière.

Par réflexe, Elysa se pinça le visage et regarda ses mains, heureusement toujours blanches.

Elle allait demander ce qu'il s'était passé mais elle n'eut pas le temps :
l'homme lui tendit un foulard et un manteau.

Quand il leur expliqua comment il fallait se repérer, elle hocha la tête.
Un compas solaire. Elle saurait l'utiliser sans trop de problèmes.

Elle le prit délicatement et le mit dans son escarcelle.
Il donna un autre objet à la jeune fille blonde, une mystérieuse sphère noire, destinée à un de ses camarades qu'ils devraient retrouver au terme de leur traversée du désert.

Elle tressaillit lorsqu'il mentionna les créatures dangereuses qui se dresseraient sur leurs route.
A ce propos, il lui tendit un arc, ainsi qu'un carquois contenant une trentaine de flèches.
Elle manipula l'arme et sourit de satisfaction : c'était une belle arme.
Elle remercia chaleureusement leur hôte :

"Je vous remercie, je vais essayer d'en faire bon usage. J'étais réticente au début, mais je commence à ressentir une certaine excitation.
Et je vois qu'alors que vous êtes vraiment desespéré, vous essayez de nous mettre en meilleures conditions.
De toute manière pour rentrer chez nous, nous devons réussir cette tâche.

Par contre j'espère qu'il n'est rien arrivé aux âmes des deux malheureux là-bas..."

Le vieux les mena alors en dehors de la pièce.  
Juste avant de la quitter, elle se saisit d'une dague dans l'étagère où le jeune noble en avait lui-même déniché une tout-à-l'heure.

Après qu'ils eurent descendu un escalier interminable s'enfonçant dans des profondeurs, ils atteignirent une grotte, où l'air vivifiant et frais tira à Elysa un soupir d'allégresse. Toute la caverne brillait d'une lueur féérique, et elle en fut bouche bée.
Elle en aurait presque oublié que le monde extérieur qui les attendait était apocalyptique.

Une fois à l'intérieur, Elysa eut un mouvement de recul : elle aperçut les fameuses montures, qui étaient tout simplement des lézards gigantesques.

Pendant que le vieil homme expliquait comment chevaucher et diriger les montures, son attention fut captivée par un des lézards qui s'était approché d'elle.
Il la "renifla" alors qu'elle le regardait dans les yeux, tentant de paraître la plus douce possible.
Peut-être se comportaient-ils comme des chevaux, nécessitant d'avoir la confiance de leurs cavaliers ?

Elle posa prudemment ses doigts près du cou du lézard, tentant d'établir un contact amical.
L'animal sembla apprécier. Il s'écroula alors sur le sol en émettant un drôle de cri sourd. Elle soupira de soulagement et tapota délicatement le sommet du crâne du lézard, puis se tourna vers l'homme :
"Vous pensez que nous sommes prêts pour sortir à l'extérieur ? J'ai toujours du mal à comprendre les autres, je ne sais pas comment on va pouvoir se parler..."

Alors qu'elle écoutait les paroles du vieil homme, Yssénée vit deux de ses comparses s'éffondrer malgré les efforts de leur hôte. La Mort était-elle venue récupérer son dû ? Ou la connexion s'était-elle brisée et leurs âmes avaient regagné leurs monde d'origine ? Ou...la jeune prêtresse frissonna à cette simple idée, erraient-ils perdu dans les limbes de l'univers, sans repos et sans chance de réintégrer le Cycle ?

Elle ne saurait le dire et ne voulait pas le savoir.

Elle accepta les derniers présent de leur hôte, qui lui serait bien utile pour parfaire sa tenue de fortune, et promis de porter la sphère à l'apprenti.

Ils descendirent encore plus profondément sous terre, dans une grotte qui rappela à Yssénée les anciens sous-sol du Temple de l'Eau de Sanas-Thalie, situés sous la Tour du Dragon d'Eau. De plus, l'air semblait lui redonner des forces, et elle sentit son sang primal prendre le dessus et ne le réprima qu'à grande peine, malgré l'agréable sensation que cela lui procurait. Elle regarda ses bras et ne constata pas l'apparition des veines primales.

Revenue de son vertige, elle remarqua alors les énormes lézards qui nageaient dans un des bassins. Leur hôte leur expliqua dans le plus grand calme qu'ils seraient leur monture pour le voyage. Mais voyant que l'autre jeune femme s'approcher d'eux sans crainte et en caresser un, qui avait l'air de trouver ça très plaisant, ses craintes se dissipèrent, et elle avança vers l'un d'entre eux à son tour afin de se familiariser avec lui.

Jillian jeta un regard dégouté aux deux malheureux qui s'étaient évanouis dans l'espace temps, il n'avait cure de leur sort, et n'était pas fâché d'être débarrassé de la créature répugnante, mais une perle de sueur coula le long de son dos à l'idée de ne jamais pouvoir rentrer chez lui ... Il fallait trouver cette relique, et le plus tôt sera le mieux ...

Il accepta la cape que lui tendait le vieil homme, le désert était connu pour ses tempêtes de sable, aussi soudaine que violente, enfin, chez lui en tout cas ...

Il suivit le vieillard dans un escalier, il y faisait frais. Il débouchait sur une vaste caverne, qui lui rappelait un peu les catacombes de Millenas. Leur montures étaient en train de nager dans un bassin, un genre de gros lézard. L'une des deux femmes s'en approcha et la créature se coucha devant elle. Le vieil homme leur dit qu'ils devaient partir vite, ce qu'il approuva. Même s'il n'en avait aucune envie, il préférait tenter l'impossible que de rester coincé ici ... Il attrapa une perche et fit signe qu'il était prêt.

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Quand il les vit s'approcher ainsi des créatures, le vieil homme eux un sursaut d'angoisse, mais heureusement rien de dramatique n'arriva.

"Prenez garde, jeunes gens, ces bêtes ne supportent pas qu'on leur touche la tête, et par dessus tout, les yeux. N'oubliez pas qu'elles sont juste apprivoisées, pas domestiquées. Il y a un risque pour qu'elles se retournent contre vous si elles vous ressentent comme une menace !"
 
Mettant ses conseils en pratique, il leur expliqua comment monter sur le tapis qui servait de selle, et leur décrivit rapidement les bases de la monte dans le désert:

"Vous vous habituerez rapidement, je pense, à leur étrange démarche: cela produit un balancement de droite à gauche, et vous risquez d'avoir un peu de mal à garder votre équilibre dans les premiers temps. Mais rassurez vous, vous ne risquez pas d'être piétinés si vous tombez. Au campement, contentez vous d'arroser légèrement une petite portion de sol de la taille de leur tête: elles adorent se rafraîchir en y posant leur cou, et resterons ainsi en place un petit moment. Quand à leur nourriture, elles y pourvoiront elles-mêmes, mais surtout ne tentez pas de les contraindre à abandonner un repas en cours. Vous pourriez finir à sa place..."

Il fit alors apparaître trois flacons de verre de sous ses vêtements, et les remplit d'eau du bassin, provoquant de nouveaux chatoiements colorés:

"Prenez ceci, cela vous éclairera à la nuit tombée. Il vous suffira de secouer un peu le flacon pour en raviver la lueur. Mais gardez le bien à l'abri du soleil: une trop forte lumière lui ferait perdre ses effets. Et maintenant, prenez une perche et suivez moi, la nuit doit être en train de tomber, il est temps de vous mettre en route."

Il les mena dans un nouveau tunnel qui montait en pente douce à une extrémité de la caverne: la température montait rapidement, et l'air se faisait de plus en plus sec. Bientôt, ils atteignirent une ouverture qui débouchait à flanc de falaise. Bien que le soleil, rouge et énorme, soit presque couché, ils avaient l'impression d'être entrés dans un four gigantesque. Ils étaient enfermés dans un canyon brûlé dont les parois renvoyaient la chaleur emmagasinée pendant la journée. Au delà, ils apercevaient un paysage apocalyptique, mélange de rochers, de sable et de plaques de sels  craquelées, aussi loin que pouvait porter leur regard. Aucune vie n'était visible, qu'elle soit végétale ou animale. Les seuls mouvements étaient ceux de nuages de poussière soulevés sporadiquement par le vent, et les miroitements dues à la chaleur.

"Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne chance, pour mon bien et le vôtre..." annonça l'ancien.

Alors que les deux autres étaient occupés par cette vision du paysage, il s'approcha de la prêtresse qui se trouvait légèrement en retrait:

"Prenez cette flasque, jeune dame, fit-il à voix basse. Il s'agit d'un puissant fortifiant, distillé à partir de ces mêmes vignes qui produisent le vin que vous avez bu tantôt. Il vous soutiendra en cas d'extrême besoin, mais faites y attention: à plus d'une gorgée par jour, il vous empoisonnerait."

Il se tourna à nouveau vers le désert, et conclu:


"Il y a là un sentier qui descend au fond du canyon, qui vous mènera plein ouest jusqu'au matin. Après cela, sa course s'oriente vers le sud, aussi vous devrez affronter le désert. Encore une fois, bonne chance. Si les dieux n'étaient pas la cause de nos soucis, j'aurai prié pour vous..."

Jillian remarqua le regard angoissé du vieil homme lorsque la femme brune s'était approché de leurs étranges montures et se dit qu'il avait bien fait de se méfier de ces bestioles. Le vieillard leur confia de l'eau lumineuse comme il avait déjà vu des mages en produire puis les conduisit vers l'extérieur . La température grimpait en flèche au fur et a mesure qu'ils montaient, il serra les dents mais ne dit mot, inutile de se plaindre à présent, ils n'avaient d'autre choix que de continuer.

Enfin arrivé à l’extérieur, il soupira bruyamment, comme il s'y était attendu ils faisait bien plus chaud sur ces terres dévastée que dans le désert d'Al Saad dont il avait coutume. Il remarqua que le vieil homme avait prit a part une des jeunes femmes, il ne put entendre ce qu'ils disaient et fit mine de ne rien remarquer, étaient-ils de mèche ? Sa nature méfiante prenant le dessus, il décida de garder cette femme à l'oeil.

- Je n'ai cure de votre bonheur, je ne cherche qu'à rentrer chez moi, mais nous n'avons apparemment pas d'autres option que de vous faire confiance, mais ne vous trompez pas sur mes intentions ! je ne suis pas homme à me laisser attendrir. Dit-il d'un ton acerbe à son hôte.

- Nous devrions partir à présent, mesdames ! rajouta-il à ses compagnes d'infortune.

Après avoir entendu les conseils et les mises en gardes du vieil homme sur la manière de s'y prendre avec leurs montures, Elysa recula de plusieurs pieds.

Elle lui lança, légèrement embarrassée : "Je ferai attention à l'avenir... "

Elle regarda sa monture puis poursuivit :
"En général les chevaux sont en confiance quand je les monte, j'espère que ma monture en fera de même. J'essaierai de ne pas lui donner de raison de se sentir menacée en tous cas..."

Leur hôte leur tendit alors des fioles d'eau lumineuse, qui leur serviraient de moyen d'éclairage.
Elle était toujours intriguée par la magie et ces fioles ne firent pas exception...Elle se rappela de ne pas les exposer au soleil et mit la sienne dans l'escarcelle.

Le vieux mage, juché sur son lézard, donna alors le signal du départ.
Le premier à le suivre fut le noble légèrement arrogant qui semblait pressé de partir.

Elle prit une perche à son tour et monta délicatement sur le lézard qu'elle avait "caressé" et qui semblait avoir apprécié.

Elle suivit les deux hommes à l'extérieur de leur abri souterrain, suivie par la jeune femme blonde.

Elysa se rendit compte à quel point la température augmentait au fur et à mesure qu'ils évoluaient le long de la route souterraine, qui était en pente douce.
Cela donnait un avant-goût de ce qui les attendait dehors, et c'était déjà intenable.

Ils atteignirent enfin la sortie.
Un soleil couchant gigantesque, les raides parois d'un canyon rougi par la chaleur, aride et où aucune trace de vie semblait subsister. Un véritable enfer.

Le brûlant désert d'Ur paraissait froid à côté de la chaleur écrasante qui les enveloppait, la faisant suer sous son manteau.

Lorsque le vieil homme leur souhaita bonne chance, elle répondit:
"Je ferai de notre mieux, s'il y a une chance pour qu'on puisse redonner un peu de vie à cet enfer terrestre, il faut la saisir.
Nous ne pourrons pas rentrer chez nous si on échoue, donc il vaut mieux réussir."

Elle nota les dernières informations : en suivant le canyon jusqu'au matin, ils allaient plein Ouest, leur direction. Au matin, il leur faudrait relever la direction de l'Ouest, d'autant plus que le canyon commencera à bifurquer vers le Sud.

Elle se donna comme première tâche pour le lendemain de relever la position du soleil avec le cadran pour ne pas perdre la direction de l'ouest.

Elle remarqua à peine que le noble androgyne l'avait interpellée.
Etrangement elle avait compris l'essentiel de sa phrase : il semblait vouloir partir immédiatement.

Il n'avait pas tort, mais elle avait une légère appréhension à se lancer dans cette expédition.
Au fond d'elle elle espérait encore se réveiller d'un cauchemar...

Elle répondit à son nouveau compagnon de voyage :
"Oui, je suis prête. "

Elle poursuivit d'une voix neutre :
"Au fait, nous n'avons pas échangé le moindre mot alors que nous sommes sur le même bateau.
Il faudrait commencer à se connaitre un peu. Mon nom est Elysa."

Elle regarda à la fois le noble et la jeune fille qui avait reçu une flasque de la part du vieil homme mais son visage restait crispé.

Yssénée prit un bâton et monta sur le lézard comme leur hôte le leur avait expliqué. La conduite excepté, ce n'était guère plus difficile qu'avec un cheval. Elle accepta la fiole d'eau, qui ne dégageait pas de magie, du moins perceptible par elle. Serait-ce une forme de vie végétale ou animale ? Comme les lucioles ou les champignons luisants ? Ou juste une propriété de cette eau ?

L'ascension vers la surface fut difficile et une fois au dehors Yssénée se sentit chancelante. La chaleur était étouffante, pour elle qui n'avait jamais connu le désert, c'était insupportable. Elle se demandait si elle survivrait rien qu'à la traversée et espérait sincèrement que les habits rendraient la chose plus supportable.

Elle se tenait en retrait, espérant retarder un peu son entrée dans cette fournaise, quand le vieil homme s'approcha d'elle et lui tendit une flasque d'un breuvage apparenté au vin qu'il avait bu plus tôt.

-Je vous remercie Maître, je pense que cela nous sera fort utile dans cet enfer, dit-elle voix basse. Tout à l'heure vous m'avez confié un objet que je devais remettre à votre apprenti, mais quel est son nom, et comment le reconnaître ? De plus, je n'ai pas le souvenir que vous vous soyez présenté non plus...

Elle leva la tête quand le noble leur à intima de se dépêcher. Apparemment, le problème de la communication allait bientôt être résolu, sa compréhension des autres allait croissante.

Après avoir entendu la réponse du vieil homme elle se dirigea donc vers ses compagnons. Et suivant l'exemple d'Elysa, elle se présenta également :

-Je m'appelle Yssénée. Heureuse de pouvoir enfin échanger quelques mots avec vous.

En vérité, elle était seulement contente de pouvoir communiquer, mais parler par cette chaleur allait vite relever de la torture.

"Vous savez jeune dame, répondit très sérieusement le vieillard, les noms sont puissants ici. Aussi, ne m'en voulez pas si je ne vous dévoile pas le mien. Les quelques habitants qui connaissent mon existence m'appellent "le Viel Homme du Canyon", mais appelez moi Nuées, si vous préférez. Quand à votre possible guide, soyez sûr que si vous ne le reconnaissez pas, lui le fera. Il vous donnera sans doute le nom qu'il lui plaira. D'ailleurs, je vous conseille de vous en trouver un vous-même, pour votre sécurité..."

Il mit fin à la conversation en lâchant un long sifflement, qui sortit subitement leurs montures de la torpeur dans la laquelle elles étaient plongées. Manquant de faire tomber leurs cavaliers, elles descendirent rapidement le sentier escarpé d'un pas assuré.

Bien que l'air se soit sensiblement refroidi, les parois du canyon, en restituant la chaleur emmagasinée dans la journée, maintenaient une température relativement confortable pour les humains. A mesure que la nuit avançait, une brise légère se leva, qui se transforma progressivement en un fort souffle continu qui faisait claquer les pans de leurs vêtements.

Nullement gênés par ces conditions, les lézards avançaient avec une régularité sans faille, avalant la distance plus vite que ce que leur démarche ondulante ne laissait supposer. De temps à autre, ils levaient la tête pour goûter le vent de leur longue langue bifide, et continuaient leur chemin sans jamais avoir besoin d'instructions de leur cavalier.

Elysa desserra un peu son manteau : il faisait beaucoup plus frais depuis que la nuit s'était installée.
Ils avaient eu raison de voyager de nuit.

Bon il y avait quand même du vent, et pas qu'une petite brise. Mais rien de trop désagréable.

Alors que sa monture progressait à vive allure dans le canyon, elle observa le ciel.
Il était extrêmement sombre, un abîme qui engloutissait son regard et semblait augurer des pires cauchemars.
Mais immédiatement après, elle se rassurait en contemplant les innombrables étoiles, qui formaient des constellations qu'elle ignorait.
Elle n'était pas sur Heimdalir, elle en avait la preuve.

Voilà qu'elle était en route pour une destination inconnue, à travers un désert brûlant, pour trouver une relique divine aux propriétés improbables.

Beaucoup d'incertitudes qui ne la rassuraient pas, bien au contraire. Elle était pourtant obligée, pour elle et pour sauver ce monde.

Jouer les héroines, c'était pas vraiment son genre. Elle n'avait jamais vraiment eu de mission aussi capitale avant, cela la troublait.

Elle soupira puis se tourna vers ses compagnons de voyage, qui chevauchaient à ses côtés.
Elle s'adressa à la dénommée Yssénée, élevant la voix pour qu'elle l'entende.

"Je me souviens vous avoir vue parler avec le vieil homme tout à l'heure.
Vous a-t-il donné une information importante sur notre voyage ?"

Elle se tut. Peut-être était-ce une information confidentielle ? Ou bien peut-être que la jeune femme n'aurait pas envie de lui dire, elle n'avait peut-être pas confiance en elle.

Elle rectifia : "Si vous ne me faites pas confiance, oubliez ma question. Mais si c'est une information qu'on devrait tous savoir, mieux vaut qu'on soit au courant.
C'est mon avis, vous n'êtes pas obligée d'en tenir compte."

- Mon nom est Jillian, répondit-il en inclinant gracieusement la tête.

Jillian ne quitta pas des yeux la jeune femme blonde, soupçonneux. Il l'avait vu parler à voix basse avec le vieil homme et cela ne lui disait rien qui vaille. D'ailleurs, il attendait sa réponse à la question de l'autre femme pour juger de sa sincérité.

Leurs montures s'étaient mise en marche, sur le trajet, il s'adressa à ses compagnes de voyage et plus particulièrement à la jeune femme brune.

- Nous devrions prendre connaissance de nos capacités respective, au moins dans les grandes lignes, avez vous déjà affronter le désert, mesdames ? Pour ma part oui, bien que ce monde ci soit fort différent du mien ... Quoi qu'il en soit cela n'a rien d'une promenade de santé. Vous semblez encline à vouloir nous guider, demoiselle, rajouta t'il en se penchant vers la femme brune, en avez-vous la capacité ?

Yssénée s'habitua peu à peu à la chaleur déclinante. Elle espérait qu'il en irait de même avec la température habituelle.

Elle répondit aux questions de ses compagnons :

-Je demandais à notre hôte un moyen de reconnaître son apprenti ainsi que son nom. On ne peut pas dire qu'il m'ait éclairé. Néanmoins, il m'a informé d'un danger supplémentaire. Nous avons échangé nos noms, mais cela pourrait s'avérait dangereux ici, les noms ont du pouvoir en ce monde, ne le divulguez à aucune autre personne. Je vous conseille de vous trouvez des noms d'emprunt si nous trouvons un quelconque reste de civilisation, qui ne nous est pas hostile en apparence. Limitons également leur emploi lorsque nous sommes seuls.

En ce qui concerne mes capacités, je dois admettre que je ne brille pas dans le domaine de la survie et que je n'ai pas l'habitude du désert autrement que par des récits de voyage. Cependant, j'ai quelques connaissances en médecine, qui pourrait s'avérer utile dans un endroit aussi hostile. Mes compétences martiales sont bien médiocres en comparaison des vôtres, je devine à vos physiques respectifs que vous avez de l'expérience en combat. Je dispose également de quelques atouts cachés, que je ne vous révélerai qu'en temps voulu, d'autant plus que j'ignore s'ils seront aussi efficaces ici que chez moi.

La bouche sèche, elle cessa de parler, et bu une petite gorgée d'eau avant d'inciter sa monture à garder la bonne direction.

Elysa sentit un léger soulagement l'envahir : Yssénée ne semblait pas faire montre de méfiance envers elle, et était encline à partager des connaissances.
Même le noble arrogant ne paraissait pas si centré sur lui-même puisqu'il leur adressa la parole.

Peut-être arriveraient-ils à coopérer durablement, tous les trois finalement.

Elle répondit alors à Yssénée :
"Je vous remercie.
Si je comprends bien, le vieil homme nous a conseillé de cacher nos noms...ce qui fait que seuls nous trois connaîtrons le nom des autres.
Soit, à partir de maintenant, je ne vous appellerai plus que par les surnoms que vous aurez trouvés. Je compte sur vous pour ne pas donner mon nom à une autre personne, et j'en ferai également de même avec les vôtres.
Je n'ai pas pour habitude de rompre un engagement, soyez en assurés.
Comme nous sommes un groupe dorénavant,nous devrions nous faire confiance.

Appelez-moi...Leely. Leely Masen sera mon nom d'emprunt."

Elle se tourna vers Jillian.
"Enchantée Messire Jillian. Je suis tout à fait d'accord au sujet de donner nos capacités respectives, afin de mieux nous répartir les tâches.

En ce qui me concerne, j'ai déjà connu le désert à trois reprises ainsi que de longs voyages en mer éprouvants sous un soleil de plomb.

Bref, vous vouliez savoir mes capacités...

Et bien, vous avez visé juste Messire : de par mon expérience à la Marine, je me débrouille bien en navigation, c'est pourquoi je me propose pour tracer notre route dans le désert, grâce au disque solaire que m'a donné notre hôte.

C'est une grande responsabilité que je vous demande de me confier. Bien sûr, vous êtes libres de discuter avec moi sur la route à prendre et de me donner tout conseil que vous trouverez avisé.

Au delà de la route tracée, vous me verrez aussi prendre des initiatives et tenter d'échafauder des plans. Car un des mes points forts reste quand même la mise au point de stratégies, j'ai l'habitude puisque je dirige des soldats ou des marins.

ça explique aussi pourquoi je sais bien me débrouiller avec un arc ou une bonne lame.
J'avoue que les armes à feu sont ma spécialité, mais je crois qu'il n' y en a guère ici, dommage.

Il ne reste plus que vous Messire. Celui qui demande doit être prêt à donner."

Assoiffée, elle avala une gorgée d'eau puis écouta la réponse de Jillian.

Toujours méfiant, Jillian décida de faire pour le moment confiance aux jeunes femmes. Il avait besoin d'elles, il ne pourrait accomplir cette quête seul de toute façon. Il n'avait guère le choix. Si la chaleur l'incommodait, il n'en laissa rien paraître.

Il prit le temps de réfléchir avant de répondre aux demoiselle. Il se tourna vers Elysa en premier.

- Je vous laisse donc le soin de nous guider, si j'ai quelques remarques à faire à ce sujet, je n'y manquerai pas. En ce qui concerne mes propres capacités, en ma qualité de prince héritier, ce ne sont pas des troupes dont j'ai la charge mais une armée entière, et bien que j'ignore ce qu'est ce que vous appelez une "arme à feu", j'ai fait mes preuves au combat à l'épée et la stratégie est également une de mes spécialité, pour le reste, rien qui ne vous concerne pour le moment. Demoiselle, rajouta t-il en direction d' Yssénée, prenant soin de ne pas prononcer son nom, vous pouvez effectivement nous être d'une grande utilité, en cas d'attaque quelconque, prenez soin de rester le plus loin possible des affrontements. Pour ce qui est de mon nom, vous n'avez cas utilisez simplement mon titre.

"Je vous remercie de votre confiance... Altesse."

Alors il s'agissait d'un prince...cela expliquait son air assez arrogant.
En tous cas d'après ses dires, il savait commander, et se battre avec une lame, comme tout bon noble.
Elysa espérait surtout qu'il ne s'approprie pas le commandement par son statut, qui ne lui accordait aucun droit dans ce monde.

Quant à Yssénée, elle avait quelques connaissances pratiques et médicales fort utiles, ainsi qu'une sympathie qui serait nécessaire pour unir le groupe.

Elle soupira. Elle-même n'était pas vraiment réputée pour sa sociabilité.

Elle releva néanmoins : "Et si on vous demande votre nom ? Je pense que vous serez obligé d'en donner un sous peine d'attirer l'attention. Vous devriez en inventer un."

Elle se tourna alors vers Yssénée, rapprochant son lézard du sien.
"Quelles connaissances médicales avez-vous particulièrement ? Personnellement, je ne sais faire que des premiers secours, avoir un guérisseur dans le groupe serait un don divin, si j'ose dire."